Jusqu’au 18 juin, la Fédération des Centre sociaux du Bas-Rhin présente à la médiathèque André Malraux une exposition sonore et video originale, faite de témoignages d’hommes et de femmes exilés, venus d’autres pays jusqu’à Strasbourg. Ici ils ont appris notre langue dans les cours de français des centres sociaux du département et nous racontent des moments de leur parcours et de leur apprentissage.
Parallèlement, nous vous proposons une sélection d’autres témoignages, par l’écriture, une autre façon de prendre la parole. Voici 4 titres que nous vous conseillons particulièrement, ou comment l’exil peut transformer une personne en écrivain.
« Le seul pays où je serais devenu écrivain »
Porca miseria, de Tonino Benacquista (Gallimard, 2022)
L’histoire des parents de l’auteur, immigrés italiens arrivés en France dans les années 1950. L’écrivain retrace son enfance dans une banlieue parisienne, la douleur de sa mère éprouvée par l’exil. Il évoque son rapport à la culture et à la langue françaises qu’il s’est appropriées pour assouvir sa soif d’écriture.
« Le livre est aussi un hommage senti à la France, terre d’immigration et d’accueil. « Quel autre pays aurait donné à un enfant né de parents illettrés le goût d’écrire ? » se demande-t-il. À la fin de Porca miseria, Tonino Benacquista se livre à une uchronie ludique et imagine l’histoire de sa famille dans d’autres pays que la France (comme les États-Unis ou l’Italie). « Je pense que le seul pays où je serais devenu écrivain, c’est forcément la France, croit-il. Ce rapport aux livres et aux lettres, je l’ai senti en France. Et j’ai certainement rencontré les bonnes personnes aux bons moments, qui m’ont encouragé dans cette voie. » » (source ledevoir.com)
« N’être, pour un temps, rien d’autre que des écrivains »
A la nuit tombée, Hagos, Saba et leur mère arrivent dans un camp de réfugiés. Les deux adolescents découvrent un univers régi par ses propres lois et ses propres rapports sociaux. Un roman élégiaque à contre-courant des idées reçues qui redéfinit la littérature de l’exil et célèbre avec modernité l’amour sous toutes ses formes.
« Grâce à la littérature allemande… il deviendra écrivain »
Origines, de Sasa Stanisic, traduit du bosniaque par Françoise Toraille (Stock, 2021)
» Life on the road got me into writing »
Parents de deux enfants, Youriï et Olia Tkatchouk décident de tenter leur chance à l’étranger afin d’échapper à leur misère chronique. Youriï part aux Etats-Unis, d’où il revient sans un sou. Olia devient auxiliaire de vie en Italie, un métier sous-payé exercé par des immigrées venues des pays de l’Est. Malgré les difficultés rencontrées, ils persistent à croire en leur bonne étoile. Prix BBC Livre de l’année Ukraine.
Né en 1981, Artem Chapeye est un écrivain, journaliste et traducteur ukrainien. Il a passé un an et demi à vivre, à travailler et à voyager aux États-Unis et en Amérique centrale. Plusieurs de ses récits ont été traduits en anglais, en polonais, en tchèque et en slovène. Reporter pendant la guerre du Donbass, il a été deux fois finaliste du prix journalistique Honneur de la profession. Il est aujourd’hui en Ukraine, engagé dans la défense de son pays.