Voici les textes qui ont été déposés sur le billet qui contenait la photo. (ici)

Pour voter, commentez ce billet en mentionnant le numéro du texte que vous préférez. Vous avez jusque samedi 28 mars à 8h pour voter ! Vous pouvez aussi déposer un petit mot, un encouragement pour nos premiers courageux ! Le gagnant sera annoncé samedi à 12h.

Et rendez-vous dimanche soir pour une nouvelle photo !

Texte 1 : de Laurence Desmarquets

Quand je t’ai proposé une dernière fois de venir partager ma vie au japon tu m’as méchamment jeté à la figure cette photo, que tu avais découpée dans géo, et qui incarnait tout ce que tu n’aimais pas dans ce pays :
sur la mince plaine côtière, l’industrialisation est partout, et les conurbations dévorent la campagne. On n’y enterre pas les morts, exiguïté des terres oblige, mais on n’enterre pas non plus les lignes électriques, car on attend un séisme de grande ampleur du jour au lendemain. Et hypocritement on donne au gazoduc blanc un gracieux mouvement pour enjamber les voies routières et ferrées…dans l’espoir qu’il ferait oublier la forêt de cheminées fumantes….
Pourtant tu n’aurais pas dû t’arrêter à ce cliché… car je vais te dire un secret :
En plein centre de Tokyo, au pied d’un immeuble chic et futuriste de Ginza, on peut trouver une toute petite voiture garée sur le trottoir. Le hayon arrière ouvert laisser place à un coffre au-dessus duquel s’affaire un minuscule vieillard : il y fait cuire des dorayaki dans une crêpière alimentée par un mini groupe électrogène posé sur le trottoir. L’anko, la pâte de haricot rouge, est amoureusement préparée à la maison. Tous les soirs, de 21h à minuit, il régale des gourmands avertis et pas pressés, pour presque rien. Ce sont des détails comme celui là qui m’ont rendu amoureux de ce pays, le contraste entre une modernité galopante et un attachement profond au tradition. Mais tu ne m’as pas laissé la possibilité de t’initier à cette culture. Peut-être ne la mérites-tu pas ?

Texte 2 : de Tiben

Dimanche mon jour préféré. Celui où je peux prendre soin de moi, prendre le temps de lire, cuisiner, flâner. Point de réveil, point de gestes automatiques ou d’actions minutées.
Dimanche matin, après mon petit déjeuner prolongé et gourmet, après avoir consommé l’actualité du jdd et ainsi contribué à nourrir mes pensées, j’aime m’aérer en bord de quais. Le calme ambiant tout juste perturbé par le pépiement des oiseaux, la beauté de la nature, les joggeurs mêlés aux promeneurs, aux cyclistes ou aux footballeurs amateurs.
Je me réjouissais de l’arrivée du printemps symbolisé ce matin là par un ciel magnifique, vierge de nuage et d’un bleu éclatant. Je trépignais de croiser Bénédicte pour échanger sur nos derniers coups de cœur littéraire, Faustine et son Bibou qui ne manquerait pas de me sauter dans les bras, Francky pour prendre des nouvelles de sa maman… et tous ces inconnus, soucieux ou souriant, marchant ou rêvant…
Oui avant d’aller voter, j’irais divaguer, m’évader et faire gambader mon fidèle Maxou. Je m’immobiliserai pour admirer une énième fois ce pont blanc, identifier ce détail passé inaperçu jusque là et le consigner dans mon journal du dimanche. Je cueillerai quelques fleurs des champs pour tapisser la table du déjeuner familial, j’avancerai tout en légèreté.
Ce dimanche 22 mars, le ciel était bleu, le pont était là, les oiseaux chantaient… mais la route était dramatiquement déserte, les joggeurs se comptaient sur les doigts d’une main, les promeneurs étaient consignés chez eux. Je n’ai rien pu écrire, je n’ai pu penser, j’ai juste eu la force de faire cette photo que j’ai sous-titré « ode à la beauté »

Texte 3 : de Cécile

B alancé entre deux rives
R eliant deux histoires
U topie contre la haine
C’est un peu de Gottingen
K öhln devient Cologne
E t un jour, ne sera que pont

Texte 4 : de Caroline Diaz

tu marches dans la ville immobile
dans le vide
dans tes jambes la puissance et la faiblesse se battent
maintenant c’est le vide qui dessine la ville
c’est le vide qui nous lie au dehors
l’air est vide aussi
le temps long qu’on dirait le temps d’août
le temps clair et froid de mars
la torpeur suspendue d’une rive à l’autre
et le silence qui efface tes mouvements
tu te surprends en apnée au frottement de l’autre
pourtant le silence

Texte 5 : de Gabrielle

une allée fleurie,
un toboggan, l’enfant rit,
des pylônes dressés.

Rendez-vous samedi pour connaître le nom du premier gagnant !