Voici les textes qui ont été déposés sur le billet qui contenait la photo. (ici)

Pour voter, commentez ce billet en mentionnant le numéro du texte que vous préférez. Vous avez jusque samedi 11 avril à 9h pour voter ! Vous pouvez aussi déposer un petit mot, un encouragement pour nos premiers courageux ! Le gagnant sera annoncé samedi à 12h.

Merci pour vos participations qui nous surprennent, nous élèvent, nous intriguent.

Et rendez-vous dimanche soir pour une nouvelle photo !

Texte 1 : d’Estaile

Derrière ces murs, mon souffle se débat dans les méandres de ma lassitude.
Les portes sont closes et je dispose de tout ce temps…
Il s’égrène en cristaux qui s’éternisent autour de moi.

Dans un soupir j’ouvre la fenêtre.
Un parfum volatile s’immisce dans mon existence confinée.
C’est l’aube. Le jour se pare de rosée pour humidifier mes rêves évaporés.

Le monde marche sur un fil mais mes yeux désormais réveillés peuvent distiller les couleurs. Je me calme derrière la vitre.
Finie la douleur enfermée. Le soleil naissant me transporte vers des multitudes de teintes chamarrées comme les rayons de cette aurore verte.

Nous, humains, sommes unis dans la peur du lendemain.
Nous vaincrons ensemble avec le temps par-delà cet enchevêtrement sanitaire.
Voyageons dans la joie de cet instant comme des oiseaux migrateurs qui reviennent en silence.
Ouvrons les plaines de notre imagination.
Même atteints par l’Histoire ravageuse, nous pouvons danser ici et maintenant dedans.

Ensemble!

Texte 2 : dEbenézer Tetsi

Dans le ciel nocturnal,
Déesses et dieux s’amusent,
Ils laissent alors des traces,
Éphémères et magnifiques,
Pour notre plus grand plaisir.

Les nuages se meuvent,
Comme des virevoltants,
Malgré ce froid glacial,
Me laissant là, pantois,
Mais non sans émoi.

Devant ce spectacle,
Je suis alors enchanté,
Comme je le fus jadis,
Par tes pas de danse,
Qui me laissèrent en transe.

Cette mouvance célèste,
Au-delà des sapins couverts,
De ce voile immaculé,
Respire la douceur de tes yeux
Couleur d’émeraude.

À cette aube je déclare:
Ô aurore boréale,
Reviens nous encore
Ô bien aimée,
Reviens moi toujours.

Texte 3 : de Nicoole

Les forêts sont loin. Les cimes que je ne peux jamais attraper du bout des doigts, je ne peux même plus les attraper du bout des yeux.
Je revois les premiers crocus, violets, blancs, roses, mauves et leurs jeunes feuilles aux verts tâtonnants. Mes souvenirs se diluent dans l’aquarelle de l’imaginaire.

Texte 4 : d’Emmanuel Tetsi

Bientôt le printemps, et au bout du corridor… l’été!

Avril. Bientôt le printemps et au bout du corridor l’été.
C’est avec ses pensées qu’Itusuark prit le sentier pour rejoindre les siens.
En pénétrant dans la forêt, elle ajusta son écharpe afin de se protéger du vent.
Elle appréciait ce moment, où elle se retrouvait loin de tout contact humain.
Sans qu’elle ne se l’explique, elle se trouvait apaisée après plusieurs pas.
Comme si l’agitation qui l’habitait, était transmise à l’espace environnant.

Itusuark percevait alors davantage l’écho de ses pas sur la neige
et le ploiement des branches au passage du vent.
Elle parvenait à s’orienter grâce au chant de la rivière,
qui longeait le chemin jusqu’au cœur de la vallée.
Soudain, elle s’arrêta. Elle aperçut le grand rocher près duquel,
se réunissait la communauté lors de la cueillette des baies.

Malgré l’absence de lumière, elle parvint à lire l’inscription dans la roche.
Jaillirent alors dans sa mémoire, les gestes de son grand-père,
le mystère entourant ses paroles et la clarté de cette nuit.
Elle leva les yeux, mais ne put distinguer aucune lumière.
Elle continua son chemin et finit par atteindre le col des trois vaches.
A cet instant, le vent se calma. La vallée fut alors illuminée par vagues successives.

Lentement, la contemplation fit place à la rêverie. Le réel à l’imagination.
Le son répété du clocher parvint néanmoins à la détacher petit à petit de ce paysage
et lui rappeler qu’elle était attendue pour le souper.
En dévalant la pente, elle chercha dans les tiroirs de sa mémoire, ce que lui avaient enseigné les ainés au sujet de cette période qui marque la fin de l’hiver.
Elle le trouva : fin avril, l’aurore tourne et se défile devant la lumière du printemps.

Elle sourit. Dans quelques jours,
La lumière serait de retour.
ils reverraient à nouveau le soleil,
répandre sa lumière dans le ciel.
La lumière serait de retour.

Texte 5 : de Claude van Ackere

voiles colorées
un gigantesque ovule
du vert au violet

Texte 6 : d’Emilie

L’évasion

Quatre murs et un toit
C’est ce que dit la loi,
Une porte verrouillée,
Et une vie annulée.

Le front collé aux vitres,
A jouer les arbitres,
Un monde à la dérive
Nager entre deux rives.

Le printemps qui s’invite
Frappant à chaque vitre,
Les poumons qui crépitent,
Et les voix qui s’irritent.

Voyager de chez soi,
Rêver rien qu’une fois,
Une aurore boréale
Et les yeux pleins d’étoiles.

Rêver encore un peu,
Dans un silence bleu,
S’évader bien plus loin,
Aux cimes des sapins.

Survivre malgré tout,
Tenir toujours debout,
Les yeux tournés au ciel
Teinté de vert pastel.