Sur la mairie de Strasbourg le drapeau bulgare, sur le tram les couleurs de la Bulgarie… la présence est discrète mais depuis novembre la ville honore la Bulgarie, présidente du Comité des ministres du Conseil de l’Europe et ceci jusqu’en mai. La littérature bulgare aussi est très discrète en France, très peu traduite mais quelques titres sont arrivés sur nos étagères ces derniers mois.
Un écrivain et une traductrice incontournables
L’auteur contemporain à connaitre, c’est Guéorgui Gospodinov. Son entrée sur la scène littéraire bulgare, en 1999, a constitué un événement si important que la parution d’Un roman naturel a tiré la fiction bulgare du sommeil communiste et a eu pour effet de « faire du roman le genre dominant dans la littérature bulgare du XXIe siècle (au lieu de la poésie) ». C’est Marie Vrinat-Nikolov qui l’a dit, et elle aussi il faut la connaitre car c’est la traductrice incontournable du bulgare en français. Guéorgui Gospodinov est habile aux récits, Physique de la Mélancolie paru à l’automne croise plusieurs récits relatés par un seul narrateur, dans une quête du moi individuelle et collective, dans des instantanés bien présents et pourtant nostalgiques.
« J’ai des souvenirs de moi né comme buisson d’églantier, perdrix, ginkgo biloba, escargot, nuage de juin (ce souvenir est fugace), crocus mauve d’automne au bord du Halensee, cerisier précoce figé par une neige tardive d’avril, comme une neige ayant figé un cerisier leurré…
Je sommes nous. » (extrait du prologue de l’ouvrage).
http://litbg.eu/gueorgui-gospodinov.html
La Bulgarie se met au polar
C’est également Marie Vrinat-Nikolov qui a traduit ce polar d’Elena Alexieva : Le prix Nobel (Actes sud). Invité à donner une conférence à Sofia, le prix Nobel de littérature Eduardo Ghertelsman est enlevé et une rançon est réclamée. L’enquête est confiée à l’inspectrice Vanda Belovska. La pression est grande car l’affaire met à mal l’image internationale de la Bulgarie. Le prix Nobel, qui a reçu un très bon accueil de la critique bulgare et des lecteurs, marque l’émergence du roman policier, un genre encore peu répandu en Bulgarie.
Du bulgare au français
Enfin deux femmes d’origine bulgare pour qui la langue française est incontournable. Julia Kristeva, philosophe, psychanalyste, essayiste et romancière, pour son 6ème roman, L’horloge enchantée, à partir de trois personnages passionnés par Claude-Siméon Passemant, un savant qui aurait confectionné pour Louis XV une pendule capable de dévider le temps jusqu’en l’an 9999.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=3atMPQgVc2Q&w=560&h=315]
Et Albéna Dimitrova, pour son premier roman Nous dînerons en français : une histoire d’amour débutée pendant les dernières années du communisme à Sofia, portée par une langue « avec accent», et prolongée par un regard aiguisé sur la société néo-libérale d’aujourd’hui.