Héritière de la grande tradition de la fiction d’Afrique en langues européennes, la nouvelle génération d’auteurs africains a marqué cette rentrée littéraire 2014. Ces nouveaux ‘‘afropolitains’’, comme ils aiment se désigner, donnent à lire des récits résolument modernes dont l’action se déroule entre l’Afrique d’où ils sont issus et l’Occident où ils recherchent inspiration et reconnaissance.
C’est le devenir de ce monde que les sociologues qualifient volontiers de ‘‘post-postcolonial’’ qui est le thème du premier roman de Taiye Selasi, née en 1979 à Londres, vivant à Rome, et dont les origines sont au Nigéria et au Ghana. Dans Le ravissement des innocents, les expériences et souvenirs de chaque personnage s’entremêlent avec une originalité irrésistible et une puissance éblouissante, couvrant plusieurs générations et cultures, en un aller-retour entre les continents.
Installé en Suisse et lauréat du prix ‘‘Roman des Romands’’ pour 39, rue des Bernes, le Camerounais Max Lobe, 28 ans, nous livre La trinité bantoue : il explore avec humour et truculence la condition noire en Suisse où la prospérité n’a pas réussi à aplanir la violence des rapports sociaux entre riches et pauvres, natifs et immigrés, bourgeois bien-pensants et foule bigarrée des marginaux.
Tous les soirs au Tram 83 on voit débouler les étudiants en grève et les creuseurs en mal de sexe, les touristes de première classe et les aides-serveuses, la diva des chemins de fer et Mortel Combat… bref, toute la Ville-Pays prête à en découdre sur des musiques inouïes. Une incroyable plongée dans la langue et l’énergie d’un pays réinventé, où dans chaque phrase cogne une féroce envie de vivre. Né en République démocratique du Congo en 1981, Fiston Mwanza Mujila vit à Graz, en Autriche.