Les prix littéraires continuent d’animer cet automne quelque peu morose. Nous vous avions présentés trois auteurs primés dans ce précédent article. D’autres prix viennent de récompenser des écrivain.e.s européens.
Prix du meilleur livre étranger
Le prix du meilleur livre étranger, décerné par un groupe de directeurs littéraires de maisons d’édition, a récompensé cette année deux autrices européennes.
Dans la catégorie Fiction, c’est l’écrivaine russe Gouzel Iakhina qui est primée pour son deuxième roman Les enfants de la Volga. Traduit en français par Maud Mabillard et publié aux éditions Noir sur blanc, ce livre à la jolie couverture rouge ne passe pas inaperçu.
Ce roman nous plonge dans la région de la Volga, dans les années 1920-1930 où on suit Bach, un descendant allemand, maître d’école dans un petit village. Un jour, un mystérieux message lui demande de donner des cours à une jeune fille prénommée Klara, vivant avec son père de l’autre coté de la Volga. C’est le début d’une histoire d’amour, au destin fort tragique malheureusement. Plus tard, devenu veuf et père d’un enfant qui n’est pas le sien, Bach s’isole jusqu’à perdre l’usage de la parole. Il se met à écrire des contes qui, de manière étrange et parfois tragique, prennent forme dans la réalité. C’est alors qu’un autre enfant fait alors son apparition à la ferme : Vasska, un orphelin vagabond qui va bouleverser son quotidien.
Un roman qui aborde des aspects méconnus de l’histoire de la Russie, notamment celle de peuples opprimés, comme les Allemands de la Volga. Partant d’une réalité absolument dramatique, l’histoire tend ensuite vers le conte légèrement fantastique.
Dans la catégorie non-fiction du meilleur livre étranger, c’est l’autrice anglo-bulgare Kapka Kassabova qui a été récompensée pour son ouvrage l’Echo du lac. Dans ce livre proche du récit de voyage, elle nous emmène à travers les Balkans dans la région des lacs d’Ohrid et Prespa, au sources de son histoire maternelle. Croisant faits historiques, récits familiaux et légendes locales, Kassabova invite à une réflexion sur l‘identité et témoigne de ce qu’il reste de cette civilisation où cohabitaient autrefois les peuples, les langues et les religions.
Son livre précédent, Lisière, dans lequel l’écrivaine décrivait sa Bulgarie natale, avait déjà été remarqué et récompensé du prix Nicolas Bouvier 2020.
Le Danube à Cognac, mais pas que !
Chaque année, fin novembre, se tient le festival des littératures européennes de Cognac. Créé en 1995, ce festival œuvre à la promotion des littératures européennes et met à l’honneur chaque année, une autre contrée d’Europe. Cette édition 2021 se concentre plus particulièrement sur les écrivains du Danube.
Au cours de ce festival sont également remis plusieurs prix.
Le prix Jean Monnet de littérature européenne.
Cette année, c’est l’auteur irlandais Donal Ryan qui est récompensé pour son roman Par une mer basse et tranquille. L’écrivain y dépeint les destins entremêlés d’un médecin immigré syrien, d’un jeune homme au cœur brisé et d’un vieil homme en quête de rédemption.
Le précédent livre de cet auteur, Le coeur qui tourne, avait déjà été salué par la critique. Il fut élu meilleur livre de l’année (2013) en Irlande et reçu le prix de littérature de l’Union Européenne.
Des prix jeunesse décernés
Les lycéens ont accordé leurs votes au roman de l’autrichien Robert Seethaler pour Le Champ . L’histoire d’un village autrichien raconté par la voix de ses trépassés. Les lycéens ont apprécié l’originalité du livre, rempli d’émotion, d’humour et de légèreté.
Les collégiens ont plébiscité Fanny Chartres pour Les Inoubliables. Un roman dans lequel, elle raconte le quotidien d’élèves allophones bulgares, roumains et turcs récemment arrivés en France. Un livre publié à L’Ecole des Loisirs dans la collection Médium (à partir de 11 ans)
Des prix de lecteurs sont également décernés.
Le prix Soroptimist est attribuée par le comité de lectrices de l’association. Cette année c’est l’écrivaine française et traductrice Anne Plantagenet qui est récompensée pour sa biographie de l’actrice espagnole Maria Casares L’Unique, Maria Casarès (Stock, 2021).
Des bibliothécaires ont proposé cette année, à un jury de lecteurs, quatre titres de littérature allemande axés autour de l’histoire du pays. Le prix des lecteurs du festival des littératures européennes de Cognac revient ainsi à Tom Saller pour La Danse de Martha (trad. Isabelle Liber)
Une belle diversité de livres primés, à découvrir !
Une traductrice récompensée
Et pour clore cette série de prix d’automne axés sur l’Europe, le grand prix SGDL de la traduction a été décerné le 29 novembre à Sophie Benech pour l’ensemble de son œuvre auprès de diverses maisons d’éditions (Actes sud, José Corti, Gallimard, Le Bruit du temps et Verdier). Elle a notamment traduit du russe vers le français les œuvres de Ludmila Ouliskaïa, Isaac Babel, Svetlana Alexievitch, etc. Elle est également éditrice aux éditions Interférences qu’elle a fondées avec son père proposant des traductions d’auteurs russes et anglo-saxons.