Lætitia Colombani tresse le destin de trois femmes issues de mondes très différents mais rêvant toutes de changer la place des femmes dans leurs propres sociétés. Ce texte, La tresse, paru en 2017 (et relu récemment avec le même plaisir), m’a emportée et je n’ai eu de cesse de vouloir en connaître la fin.
Trois femmes, les héroïnes centrales de cette histoire, sont liées par un fil invisible qui sera dévoilé en tout dernier ressort. Ce qui maintient le lecteur en haleine jusqu’au bout.
En Inde, dans le village de Badlapur, région de l’Uttar Pradesh, Smita est une intouchable, le rebut de la société dans la société indienne fondée sur le système des castes. Son mari et elle ont donné toutes leurs économies pour que l’instituteur brahmane accepte leur fille à l’école. Lalita rentre le soir et se terre dans la maison. Le maître lui a ordonné de balayer devant toute la classe et Lalita a refusé. Smita ne peut accepter l’abaissement de sa fille et va réagir. « Ma fille saura lire et écrier » sera son leitmotiv au cours de la quête qu’elle entreprend avec sa fille.
En Sicile, Giulia travaille dans l’atelier de son père . La coutume sicilienne, la cascatura, consiste à garder les cheveux qui tombent ou qui sont coupés pour en faire des postiches ou perruques. Dans l’atelier familial fondé en 1926 par l’arrière-grand-père de Giulia règne une ambiance familiale : toutes les ouvrières se connaissent. Le jour de ses seize ans, Giulia a abandonné l’école pur rejoindre l’atelier par passion familiale. Lors d’une tournée, son père s’effondre. Giulia découvre alors que l’atelier est ruiné et entreprend de le sauver.
Au Canada, à Montréal, Sarah, avocate réputée et divorcée, va être promue à la tète de son cabinet. Elle est mère de famille : Hannah va au collège et les jumeaux Simon et Ethan sont au primaire. Elle court toute la journée et a réussi à trouver une perle rare, Ron, qui l’aide à gérer la maison et les enfants. Elle s’apprête à franchir le plafond de verre qui interdit les postes à grande responsabilité aux femmes. Son univers s’écroule quand elle se découvre atteinte d’un cancer.
En préface à cet ouvrage, Lætitia Colombani a noté cette définition :
Tresse n.f. Assemblage de trois mèches, de trois brins entrelacés.
A l’instar des Parques de l’Antiquité qui filaient le destin des hommes, l’auteur tresse admirablement et entremêle l’histoire de nos super-héroïnes. Le fil qui les relie tout en finesse est la clé de l’histoire.
Cette histoire fait rêver et espérer un monde meilleur, que le statut des femmes évolue même dans nos pays occidentalisés. Que nos héroïnes veillent sur nous et nous indiquent le chemin.
A dévorer pour voyager et regarder le monde d’un autre œil.
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