Depuis de longs jours, l’Ukraine subit l’invasion russe. L’Europe est à ses côtés, avec ses valeurs en matière de démocratie, et plus particulièrement de liberté d’expression, liberté des médias, liberté de réunion. A l’occasion du 8 mars 2022, journée internationale des droits des femmes, voici 3 écrivaines, ukrainienne, russe et finlandaise, qui sont profondément engagées pour la liberté d’expression.
Oksana Zaboujko, « s’émanciper »
À l’agenda de la plénière du Parlement européen à Strasbourg cette semaine : Ukraine, désinformation, journée des droits des femmes. Le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes mettra l’accent sur l’égalité des sexes, la santé mentale et le travail de soin non rémunéré. L’autrice ukrainienne Oksana Zaboujko s’adressera aux députés au cours d’une séance solennelle, suivie de débats sur le plan d’action de l’UE en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes et sur l’intégration de la dimension de genre.
Oksana Zaboujko, née en 1960, est une romancière, philosophe et poète ukrainienne. Son œuvre, marquée par un prisme féministe, constitue une réflexion d’envergure sur l’identité ukrainienne et les enjeux post-coloniaux en Ukraine moderne, ainsi que l’empreinte de l’Histoire sur les destins individuels. Publié en 1996, Explorations sur le terrain du sexe ukrainien a connu un immense succès et suscité d’intenses polémiques dès sa parution. A travers l’histoire d’amour entre la narratrice et un peintre est racontée la naissance de l’Ukraine indépendante après la chute du modèle soviétique, qui laissa de nombreuses séquelles. A l’instar de son pays, l’héroïne tente de s’émanciper et de s’affranchir de son passé.
Ludmila Oulitskaïa, « le combat contre la falsification de la mémoire et la négation des droits humains »
« Plus de 1000 écrivains ont exprimé leur solidarité avec l’Ukraine dans une lettre ouverte publiée le 27 février par l’association mondiale d’écrivains PEN International. Parmi eux, la Canadienne et vice-président de l’association Margaret Atwood, la Russe Lidoudmila Oulitskaïa, l’Américaine Joyce Carol Oates, le Britannique Salman Rushdie, la romancière turque Elif Shafak ou encore les prix Nobel de littérature turc Orhan Pamuk et bélarusse Svetlana Alexievitch. Ils condamnent l’invasion de la Russie en Ukraine et réclament d’urgence « à la fin de l’effusion de sang ». Livre hebdo 28/02/2022.
Parmi les signataires, Ludmila Oulitskaïa, née en 1943 en Oural, a du attendre le démantèlement de l’Union soviétique pour être véritablement reconnue et publiée en Russie. Elle est aujourd’hui une incontournable représentante de la littérature russe dans son pays et à l’international. Le journal Le Monde lui a donné la parole le 3 mars dernier : « Tolstoï et Pouchkine nous disent beaucoup de choses essentielles sur la guerre ».
Son actualité littéraire : Ce n’était que la peste : scenario (Gallimard, 2021). Dans ce texte datant de 1988, Ludmila Oulitskaïa donne à voir ce qui peut se passer lorsqu’une épidémie éclate au cœur d’un régime totalitaire. Ce texte inédit en France, plein d’humour et d’humanisme, a singulièrement résonné dans le contexte mondial de la pandémie de coronavirus.
Sofi Oksanen, « Pour la Russie, l’idéal serait de finlandiser toute l’Europe »
Née en 1977 d’une mère estonienne et d’un père finlandais, Sofi Oksanen s’est rapidement imposée comme l’un des auteurs majeurs de la scène littéraire internationale. Son troisième roman, Purge, a été couronné en France par le prix Fnac et le prix Femina étranger
Son actualité littéraire : Le parc à chiens (Stock, 2021). De la Finlande contemporaine à l’Ukraine post-soviétique, Sofi Oksanen lève le voile sur un pan de l’histoire européenne et retrace la trajectoire de deux femmes prises dans un implacable engrenage, dans un monde où le politique se mêle à la vengeance, la corruption à l’amour, et où le corps féminin est trop souvent réduit à une marchandise.