L’Afghanistan est un pays dont on entend surtout parler pour ses guerres et ses réfugiés fuyant persécutions et discriminations, de nombreux récits témoignent de l’exil et de parcours périlleux à travers l’Europe. Au-delà de l’actualité, que connaissons-nous vraiment de la culture afghane ? Venez rencontrer des Afghans et des Afghanes qui vous en donneront une toute autre image en vous parlant de leur culture, en tête à tête et avec sincérité.
Exil et récits de vie, entre documentaire et fiction
Atiq Rahimi est probablement le romancier d’origine afghane le plus connu en France. Né en 1962 à Kaboul, Atiq Rahimi est un écrivain, cinéaste et photographe. Il demande l’asile politique en France en 1984, et publie son premier roman Terres et cendres en 2000, qu’il adapte lui-même au cinéma pour son premier long-métrage de fiction. Il rencontre ensuite le succès public et critique en 2008 avec son quatrième roman Syngué Sabour. Pierre de patience, qui obtient le prestigieux Prix Goncourt la même année. Contrairement à ses trois premiers romans écrits en persan, Syngué sabour est directement écrit en français, ce que Rahimi explique par le contenu : « Il me fallait une autre langue que la mienne pour parler des tabous ». Ses romans qui explorent les thèmes de la guerre, de l’identité et de l’émancipation. En 2022 parait Si seulement la nuit, une correspondance rédigée entre l’écrivain et sa fille durant le confinement de 2020. Alors qu’ils commencent par relater leur quotidien, leurs lettres basculent progressivement dans l’intimité. Atiq Rahimi décrit l’histoire de sa famille exilée lors de sa fuite de Kaboul tandis qu’Alice s’interroge sur son identité et sur l’avenir.
Fabio Geda est né en 1972 à Turin. Éducateur puis collaborateur à La Stampa, il a publié deux romans avant d’entendre Enaiatollah Akbari raconter son histoire il y a quelques années, à Turin. Ensemble, ils ont bâti un livre à quatre mains. Depuis sa sortie en avril 2010, Dans la mer il y a des crocodiles est devenu un succès mondial. Depuis le récit de son histoire vraie, on se demandait ce qu’était devenu ce petit garçon hazara que sa mère abandonne de l’autre coté de la frontière afghane pour le sauver des talibans. Enaiat a grandit. Après son périple, il s’est installé en Italie. Il poursuit des études et tombe amoureux. Mais la douleur lancinante de revoir sa mère le pousse à retourner en Afghanistan. Histoire d’un fils est le récit de ce voyage à l’envers.
Nadia Ghulam Dastgir, née en 1985 à Kaboul, est une femme afghane qui a passé dix ans à se faire passer pour son frère décédé afin d’échapper aux restrictions des talibans contre les femmes et de subvenir aux besoins de sa famille. Elle prêche tous les matins à la mosquée face aux fidèles, bravant ainsi avec courage le régime taliban. Elle vit aujourd’hui en Espagne. « La première fois que j’ai vu une femme seule marcher dans la rue et sans foulard, j’étais arrivée à Barcelone. » Son livre sur ses expériences, écrit avec Agnès Rotger et publié en 2010, Cachée sous mon turban (El secret del meu turbant), a remporté le Prix Prudenci Bertrana de la fiction.
Faire connaissance avec la culture afghane
On retrouve bien sûr de nombreux éléments de la vie quotidienne et de la culture afghane dans ces ouvrages. A côté de l’histoire et des paysages, la culture est une porte d’entrée dans la compréhension d’un pays. En Europe, que connaissons-nous vraiment de la culture afghane ? Nous pouvons bien sûr vous proposer une sélection de quelques titres, comme Afghanistan, un album de photographies de Steve McCurry, qui met en image enfants, vieillards, femmes, paysages, scènes de rue, corps de métier. Ou le film Ma famille afghane de Michaela Pavlatova : en 2001 une jeune femme d’origine tchèque décide de tout quitter pour suivre celui qui deviendra son mari en Afghanistan, partageant le quotidien de sa nouvelle famille afghane, avec son regard de femme européenne, sur fond de différences culturelles et générationnelles.
Rencontrer des Afghans et des Afghanes est très certainement un excellent moyen de faire connaissance avec leur culture. C’est ce que nous vous proposons le 22 juin prochain à la médiathèque André Malraux, sous forme de bibliothèque vivante. Ce dispositif vous permet de partager avec une personne que vous ne connaissez pas, dans le rôle du livre vivant, un peu de son histoire, de sa culture ou de son expérience. La bibliothèque vivante a notamment pour objectif de lutter contre les idées reçues et les stéréotypes par le dialogue et l’échange. Pendant vingt minutes, il est possible d’emprunter un livre vivant après avoir fait son choix dans le Le Catalogue des livres vivants (sur inscriptions, informations complémentaires dans notre agenda).
Cet événement a été organisé en partenariat avec le service Mission des Cultes, Ville et Eurométropole de Strasbourg.
Illustration d’en-tête de JM Cros.
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