C’est l’histoire de deux amies, deux petites filles qui vivent à Naples dans un quartier très très populaire au milieu au milieu des années 50. Au milieu des sons, des odeurs, des voisins , des artisans, des disputes, des rivalités, de la peur de Don Achille, sorte d’ogre dans l’imagination des deux filles, elles grandissent.
Lila est la noiraude, la rebelle, la méchante, la géniale aussi, celle par qui tout arrive. Lenu est la douce, la sage, la raisonnable, fascinée par son amie. Ensemble, elles bravent la peur, fuguent, commencent à écrire un roman, et surtout grandissent. Lenu, toujours deuxième derrière Lila, en particulier à l’école, s’engage dans les études, Lila n’a pas le choix : elle ira travailler dans l’échoppe de son père le cordonnier.
Dans ce 1er volume d’une saga qui en comptera 4, on quitte les deux filles au seuil de l’adolescence. Tandis que la noiraude se transforme en une liane troublante qui ameute les garçons du quartier, Lenu la douce devient une graine d’intellectuelle.
Comment dire la fascination exercée par cette lecture, véritable page turner, et bien plus que cela ?
L’ambiance de Naples, à nulle autre pareille, que retrouveront avec bonheur ceux qui connaissent la ville y est pour beaucoup. La vie qui habite le roman à chaque page aussi.
Mais surtout ce roman sait poser des dizaines de questions sans jamais être pesant ni frustrer le lecteur : Comment devient-on soi? Comment échapper à sa condition sans renier les siens ? Qu’est ce qu’être sous influence ? Comment trouver ses repères dans un pays qui se transforme en profondeur ?
On se laisse porter, dériver par l’écriture fluide d’Elena Ferrante sans demander son reste…ça pourrait ne jamais s’arrêter. D’ailleurs on ne veut pas que ça s’arrête.
La preuve : la dernière page tournée, je me suis précipitée chez le libraire pour acheter la suite, parue il y a deux mois (« Le nouveau nom ») et ai englouti ce pavé de 560 pages en 3 jours. Je n’ai fait que repousser la frustration, il me faudra maintenant attendre 1 an pour reprendre le cours de la vie de la belle et tempétueuse Lila et de la courageuse et méritante Lenu.
Encore une chose : ne cherchez pas la biographie d’Elena Ferrante : personne, absolument personne ne sait qui se cache derrière ce pseudonyme.