Le temps est maussade, vous voici en vacances et vous auriez bien visité un musée… Malheureusement ces derniers sont toujours fermés. Mais les bibliothèques sont ouvertes ! Aussi, pour vous aider à patienter avant la réouverture des musées, nous vous proposons de voyager dans le milieu artistique à travers quelques romans européens. Les intrigues autour de l’art ont connu ces dernières années un vif succès dans la littérature, vous avez peut-être lu les romans à suspense de l’américain Dan Brown (Da Vinci Code) ou ceux de Donna Tartt (Le Chardonneret) ou des romans relatant la vie des contemporains des peintres célèbres comme dans La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier. Voici un petit tour d’horizon de romans européens qui vous feront voyager dans le monde de l’art !

Commençons par le Moyen-âge, plus précisément au XIIème siècle, avec la découverte du métier de maître-verrier. Dans Le passeur de lumière, l’auteur belge Bernard Tirtiaux raconte le voyage initiatique d’un homme qui consacre sa vie à maîtriser au mieux la lumière, le verre et les couleurs pour en faire des œuvres éternelles à la gloire de Dieu : les vitraux des cathédrales. Une écriture ciselée et poétique qui nous fait voyager au temps des bâtisseurs de cathédrales.

Pour les amateurs de peinture flamande, vous pouvez vous plonger dans Le peintre et la jeune fille de Maigriet de Moor. Ce roman fait le double récit de la vie d’un peintre sexagénaire (Rembrandt, bien que jamais cité) et une jeune femme de 18 ans dans l’Amsterdam du XVIIe siècle. Ces deux personnages n’ont semble t’il rien en commun, jusqu’à ce qu’ils se croisent à la fin de l’histoire. L’auteure hollandaise met en résonance le destin tragique du peintre, sa banqueroute, ses deux mariages et son récent veuvage, avec l’histoire de la jeune fille, bientôt exécutée pour avoir tué sa logeuse d’un coup de hache…

Du coté des polars, Arturo Perez-Reverte mêle dans  Le tableau du maître flamand  récit historique, intrigue policière et plongée dans le monde de l’art. L’auteur espagnol nous entraîne dans les mystères d’une peinture flamande du XVème siècle intitulée « Une partie d’échecs ». Lorsqu’une restauratrice déchiffre l’inscription : « Qui a pris le cavalier ? » elle découvre que le peintre a réalisé ce tableau deux années après la mort mystérieuse de l’un des deux joueurs… Un roman à suspense passionnant.

Enfin, un roman sur le faussaire de Vermeer, inspiré d’une histoire vraie. Luigi Guarnieri relate dans La double vie de Vermeer l’histoire du peintre Han van Meegeren au début du XXème siècle. Blessé du peu de considération porté à ses tableaux jugés trop académiques, le peintre étudie alors l’oeuvre de Vermeer et peint des faux Vermeer sur des thèmes religieux. La supercherie n’est découverte qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale quand, pour se disculper d’avoir vendu à Goering un authentique Vermeer, il se démasque.

Si vous préférez les peintres de la Renaissance vous pouvez lire ce roman de l’allemand William Fleischhauser qui a pour contexte la fin de la Renaissance française.
Dans La ligne pourpre, l’auteur tente de résoudre l’énigme du fameux tableau d’auteur inconnu représentant Gabrielle d’Estrée, la maîtresse d’Henri IV. Gabrielle meurt brutalement quelques jours avant son mariage et ce décès transforme un amour légendaire en l’une des plus étranges énigmes de notre Histoire. Empoisonnement ? Vengeance de femme? Complot politique? Et si la clé se trouvait dans ce tableau aussi célèbre que mystérieux où l’on voit une jeune femme pincer le sein de Gabrielle ? En déchiffrant tous les motifs, personnages et symboles de la toile du Louvre, un jeune universitaire avance vers la vérité.

Amateurs de la peinture de la Renaissance italienne ? Vous pouvez lire La longue attente de l’ange de Melania G Mazzuco, roman consacré au peintre Le Tintoret qui, arrivé au crépuscule de sa vie, s’interroge sur son existence en tant qu’artiste et sa vie de famille mouvementée. Il évoque notamment sa fille illégitime, mais non moins adorée, Marietta, artiste et femme libre, qui guide le lecteur à travers des anecdotes sur Venise et une galerie de personnages typiques. L’auteure, spécialiste de la Renaissance italienne et du peintre Tintoret, signe ici un roman très documenté, accessible et bien écrit.

Restons en Italie au début du XVIe siècle avec La naissance de Vénus de Sarah Dunant. L’auteure britannique dépeint dans ce roman les déboires d’une jeune femme en quête de liberté artistique, à la fin du règne de Laurent de Médicis, à Florence. Jusqu’alors, les artistes glorifiaient Dieu en célébrant, dans une profusion de couleurs et de lumières, le corps humain. Mais bientôt, des cadavres affreusement mutilés sont découverts aux abords des églises. Boticelli lui-même doit soustraire sa « Naissance de Vénus » aux griffes des inquisiteurs. La terreur et la haine se propagent depuis qu’un prédicateur dangereux fustige la nouvelle Sodome et organise la répression… Un beau roman historique sur l’art à la Renaissance mais aussi un livre sur l’émancipation par l’art.

Plongez-vous ensuite dans la vie et l’oeuvre de Leonard de Vinci avec Le roman de Leonard De Vinci de Dimitri Merejkovski . L’auteur russe livre ici une belle biographie romancée du célèbre peintre italien.  Comment a-t-il vécu, créé, souffert ? Ce livre très bien documenté vous immergera dans la riche vie artistique de la Renaissance italienne, l’auteur détaillant les rencontres de De Vinci avec d’illustres personnages comme le Pape ou la famille Borgia, imaginant aussi les réflexions préparatoires du peintre et son processus créatif. Passionnant.

Enfin, l’auteur suisse Metin Arditi s’est intéressé dans Le Turquetto  à un célèbre tableau dont la signature présente une anomalie chromatique. Serait-ce là l’unique oeuvre restante d’un grand peintre de la Renaissance vénitienne, un élève prodige de Titien, que lui-même appelait « le Turquetto » (le petit Turc) ? Elie Soriano est né à Constantinople au XVIème siècle. De culture juive sur une terre musulmane, il a l’interdiction de peindre et décide alors de fuir en Italie pour vivre de son art. C’est là qu’il aurait rencontré le célèbre Titien…
Arditi livre un roman très documenté qui met en perspective l’art pictural avec les contradictions de la religion, du pouvoir et de la filiation.

Amateurs de romans policiers, vous apprécierez sans doute Le scandale de Modigliani de Ken Follett . Le maître du roman d’espionnage nous invite à suivre les aventures d’une étudiante en histoire de l’art qui écrit sa thèse sur la relation entre la drogue et la créativité artistique. C’est à cette occasion qu’elle découvre l’existence d’un tableau perdu de Modigliani : elle décide alors de se lancer sur ses traces, entraînant derrière elle une série de personnages hétéroclites : des peintres, talentueux et méconnus, des faussaires, des négociants d’art peu scrupuleux et un jeune propriétaire de galerie d’art… Un voyage mouvementé dans le milieu de l’art, sous forme d’enquête policière, à travers toute l’Europe.

Et pour finir, un grand classique de la littérature britannique écrit à l’époque victorienne, Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde. Un roman fantastique, psychologique et philosophique qui aborde le rêve de la jeunesse éternelle et la beauté écrit par le maître du dandysme !
Alors qu’il rend visite à son ami peintre Basil Hallward, Lord Henry rencontre le jeune Dorian Gray. Emerveillé par sa jeune beauté et sa naïveté, il se lie rapidement d’amitié avec lui et dit, en plaisantant, qu’une fois le portrait terminé, seul celui-ci gardera à jamais cette beauté tandis que Dorian vieillira peu à peu. Le jeune homme déclare alors qu’il donnerait son âme pour que ce portrait vieillisse à sa place…
Avec un style spontané, cinglant et savoureux, Oscar Wilde fait, à travers les échanges de ces trois hommes fascinés par la jeunesse, la beauté, l’art et l’esthétisme, une critique de l’Angleterre victorienne.

En espérant que cette liste, loin d’être exhaustive, vous donnera envie de vous plonger dans le monde de l’art en attendant la réouverture des musées !