Voici les textes qui ont été déposé sur le billet qui contenait la photo. (ici)

Pour voter, commentez ce billet en mentionnant le numéro du texte que vous préférez. Vous avez jusque samedi 9 mai à 9h pour voter ! Vous pouvez aussi déposer un petit mot, un encouragement à nos participants inspirés ! Le gagnant sera annoncé samedi à 12h.

Merci pour vos textes !

 

Texte 1 : d’E.T.

Inuvik, mai 1987
Chère Lotte,

J’ai été attristé par ta dernière lettre. Bien que nous ne sachions le dénouement de cette fièvre qui gagne de nombreux pays, j’ai le sentiment que rien ne sera plus comme avant. Malgré les intimidations et les arrestations, nous restons déterminés. De nombreux ouvriers ne sont pas retournés travailler et bon nombre de jeunes ont démontré qu’ils avaient aussi leur mot dire. Nous avons longé les quais puis traversé la place du marché, pour finalement rejoindre l’hôtel de ville. Il y avait une grande foule. Juge s’en toi-même en lisant l’extrait de journal qui accompagne cette lettre. Continue à veiller sur nos enfants.
Affectueusement,
Pitisuaq

Sherbrooke, juin 1987
Cher Pit,

Tu l’as dit : rien ne sera plus comme avant. Ici et là se murmure que le destin est entre nos mains. Que la situation ne peut durer. Mais de quoi sera fait nos lendemains ? De rivières de sang et de femmes inconsolables comme la mère Michelle, qui a perdu son frère et l’un de ses fils ? Personne n’ose plus sortir de peur d’être arrêté et emprisonné. Seuls les facteurs et quelques commerçants parviennent à apporter une lueur dans ce sombre paysage. Malgré les instants de bonheur compagnie de nos enfants, je redoute le dénouement tant le silence qui nous entoure, ressemble étrangement à celui qui précède la tempête. Faut-il donc mourir pour des idées comme l’indique la photo ? Je ne le sais. Une seule certitude : tu nous manques terriblement.

A toi pour toujours,
Kjarlotte

 

Texte 2 : d’Ebénézer

Partie 1
Printemps 2016. Trois étudiants de l’Université de Montaigne, à Rennes, meurent des suites de leurs blessures. Ils ont été attaqué à la fin de leur spectacle qui traitait de la question du mariage pour tous. Deux jours après, Zeinab, Emilie, Myriam, Dieudonné et Arthur, tous étudiants en arts du spectacle, se retrouvent sur la terrasse de la K-Fet pour témoigner de leur soutien aux familles des victimes.

Zeinab – Alors qu’est ce qu’on fait?
Arthur – Et si on peignait nos visages avec les couleurs du drapeau LGBT!?
Dieudonné, la chaise basculée contre la vitre – Non, il y en aura pas mal. Il faut quelque chose de grand et percutant.
Emilie – Je suis d’accord avec Dieudo; un étendard, non? Comme ça, les gens ne pourront pas le louper.
Myriam, une cigarette à la main – Et si on composait quelque chose sur des airs connus genre …le chant des partisans?
Arthur – Ah non! La mélodie du chant des misérables… elle est mythique!
Il se met à chantonner et est rapidement rejoint par ses quatre amis; ils terminent en unisson:
« Nous voulons faire la lumière malgré le masque de la nuit pour illuminer notre terre et changer la vie. »
Zeinab, les bras levés au ciel – Qu’est ce qu’elles sont intemporelles ces paroles! Les trois étudiants voulaient apporter un changement.
Emilie – Oui, l’idée derrière leur sketch c’était que les homosexuels, lesbiennes et compagnie ont le droit de se marier.
Dieudonné – Moi ça m’étonne qu’il y ait un débat, quoi! En plus en France: le pays des libertés! Bref…. Revenons à nos moutons! On fait quoi: étendard/affiche ou chanson/poème?
Zeinab – Euh, je penche pour l’affiche! Ça sera visible à la fois au niveau de la rue et celui des balcons.
Emilie – En plus, je suis sur qu’il y aura d’autres groupes qui vont chanter; ça va créer un vacarme.
Arthur, ajoute – En plus le silence ça parle plus… c’est un aussi un moment de deuil, ne l’oublions pas!
Dieudonné, se tournant vers Myriam : – Mimi…le peuple a parlé: ils veulent un étendard! Que dis-tu?
Myriam, fait semblant de prendre un air outré: – Rahhh, les jeunes de nos jours! Ils ne connaissent pas les bonnes choses. Zou, pour l’étendard!
Tous cinq s’ éclatent de rire. Zeinab et Arthur vont au bar pour passer les commandes; pendant ce temps, les trois autres discutent du message à écrire. Zeinab et Arthur retournent à la table, chargés de carafes et tasses. La conversation ci-dessous s’ensuit.
Myriam: – Emi, Dieudo et moi, on a pensé à: ‘Trois morts mais vous ne nous arrêterez pas! #LGBT’.
Zeinab, contente: – Génial!! Bravo à tous les trois … Sérieux! Je n’aurais pas fait mieux. T’en dis quoi Tutur?
Arthur: – Je suis de ton avis, Zei.. . Je me dit seulement que notre message doit être général! Là ce sont les LGBTs, ça aurait pu être d’autres minorités!
Dieudonné: – Yep! En fait, ce sont les idées qui sont attaquées car les hommes sont des champs d’idées.. que dites-vous de ‘Quelques morts mais pas les idées!’?
Emilie: – Monsieur nous fait une paraphrase de ‘les hommes meurent mais les idées restent’.
Tous se marrent.
Emilie: Je propose ‘Mourir pour une idée!’. Alors…?
Myriam: J’irais carrément loin avec ‘Mourir pour des idées’… il y a le côté intemporel et universel. Non?
Dieudonné: Ouiii …Je rajouterais bien un e à mourir; pour rappeler que ce sont des étudiants qui apportaient de la lumière avec leur humour donc mou-rire.
Les quatre acquiescent. Ils prennent un drap blanc chez Arthur et avec un marqueur ils inscrivent leur message. Ils participent ensuite à la marche de soutien au centre-ville. Le lendemain matin, Zeinab sort du tramway et se dirige vers la faculté des lettres. Elle aperçoit ses amis, leur fait la bise et dit:
Zeinab: – C’est quoi ces sourires? Qu’y a t-il? Vous avez gagné au loto ou quoi?
Myriam sort des journaux qu’elle cachait derrière son dos. Avec leur étendard, ils font la Une de Libération, Le Monde et 20minutes.
Zeinab, s’écrie: – Mais whaaaat!