De bon matin, donc, il se mit à ses fourneaux. Il entreprit de préparer des dolmas, des dolmas minuscules comme des amuse-gueules, des dolmas qui charmeraient les yeux de Nana, des dolmas qui réjouiraient son exigeant palais. Des dolmas dont les tendres et vertes feuilles de vigne épouseraient une farce faite de riz long, d’oignon, d’une pointe d’ail et d’aneth.

Il acheva tôt la préparation du dîner. Il n’aurait plus, à la dernière minute, juste avant de servir, qu’à monter la sauce à base d’oeuf et de citron qui accompagnerait les dolmas.[…]

Quelques instants plus tard, Nana chantait les louanges de la pâle sauce à l’oeuf et au jus de citron qui de son auréole glorifiait les dolmas, tandis que lui, inspiré par la familière attitude de son amante dans le fauteuil, profitait de l’occasion offerte par ses cuisses découvertes pour composer un hymne à ses jarretelles « pareilles à des couronnes de jasmin sur l’albâtre divin de sa chair. »

Extrait de Les liaisons culinaires d’Andréas Staïkos.

En écrivant un livre de recettes de cuisine, Andréas Staïkos n’a pas oublié qui il était avant tout : un homme de lettres. Avec ses Liaisons culinaires, il promet de nous offrir des saveurs nouvelles, mais aussi de nous entraîner dans les méandres d’intrigues amoureuses assaisonnées du libertinage, des raffinements et des sophistications du XVIIIe siècle. Mélange inattendu s’il en est. En dix-sept menus, il campe une intrigue intimiste, légère, théâtrale, drôle et digeste, qui raconte les chassés-croisés de Nana avec ses deux amants, Dimitris et Damoclès. En dix-sept chapitres, il nous invite à considérer la gastronomie non pas seulement comme un art et un plaisir sensuel en soi, mais comme le préambule, l’anticipation ou la métaphore d’autres voluptés. Chez lui, les plats cuisinés sont préparés avec amour et parlent d’amour.

Pour découvrir la recette, c’est ici.