Le comité de lecture de la médiathèque Mélanie Pourtalès a récemment mis à l’honneur la littérature iranienne.
Voici une sélection éclectique et une présentation dynamique de cette littérature dont on entendra beaucoup parlé dans les années à venir. Merci au bibliothécaire, Babak pour cette découverte !
« Comment peut-on être persan », écrivait déjà Montesquieu, dans son célèbre roman épistolaire, Lettres Persanes, écrit en 1721 pour faire une critique de la société européenne. La Perse ? L’Iran ? De quoi sont-ils le nom ? De Cyrus le Grand, libérateur des juifs de l’exil babylonien, à Ahmadinejad et le programme nucléaire de la République islamique, ce carrefour de civilisations a connu une riche culture préislamique (mithraïsme, manichéisme, zoroastrisme) et une culture islamique assez particulière dans le monde musulman, enracinée par le chiisme et le mysticisme persan.
C’est le seul pays dans lequel on fait des pèlerinages sur les tombeaux des poètes, avait remarqué un voyageur occidental, de Khayyam à Rûmî, pour ne citer que les deux plus célèbres en Occident, la littérature persane classique est très abondante, de même que la littérature iranienne contemporaine, touchée surtout par la révolution islamique de 1979 et de surcroît par l’immigration.
Notons également la présence de l’Iran sur la scène artistique internationale grâce à son cinéma depuis les années 1990 avec des réalisateurs comme Kiarostami ou Farhadi. (texte d’introduction de Babak)
Et quoi de plus intéressant que de connaître un pays par le biais de la littérature et du cinéma !
Negar Djavadi, Désorientale, Liana Lévi, 2016
Kimiâ Sadr, née à Téhéran puis exilée en France, suit un protocole d’insémination artificielle pour avoir un enfant avec son amie, Anna. Dans la salle d’attente, elle se remémore ses souvenirs, sa famille, ses parents, opposés aux différents régimes en place. Un récit qui évoque l’Iran des années 1970, la France d’aujourd’hui, l’exil, l’homosexualité, l’identité et la transmission.
« Un premier roman qui est une réussite remarquable. Il mêle l’histoire d’une famille, les Sadr, sur trois générations et l’histoire troublée de l’Iran de la fin du I9ème siècle à nos jours : évocation souvent pleine d’humour de la vie au harem, des tribulations de cette famille condamnée à l’exil. On y trouve aussi une satire de la vie politique mais sans s’appesantir, « Dans un élan bonapartiste le Shah se couronna lui-même. Puis il se saisit de la couronne créée par Van Cliff et Arpels avec les joyaux du trésor impérial perse et la déposa sur la tête de sa femme à genoux devant lui. Une fois les couronnes posées sur les têtes, les postérieurs désormais impériaux s’installèrent l’un à côté de l’autre sur le trône du paon ». Il y a toute une série de portraits attachants, en particulier celui de Darius, l’oncle n°3, dissident contre le régime du shah puis contre celui de Khomeiny. » Françoise D.
Naïri Nahapétian, Dernier refrain à Ispahan, Liana Lévi, 2012
Interdit de montrer ses cheveux. Interdit de s’habiller sans respecter l’uniforme islamique. Et interdit de chanter en public. Les ayatollahs ne manquent pas d’idées quand il s’agit d’entraver la liberté des femmes. Pourtant, lorsque la grande chanteuse Roxana revient dans la ville de son enfance, après un long exil aux Etats-Unis, certains de ses airs résonnent encore dans les taxis d’Ispahan. Son projet ? Donner un concert dans lequel se produiront d’autres femmes. Un projet qui ne verra jamais le jour car Roxana sera définitivement réduite au silence. Et elle ne sera pas la seule à subir ce sort… C’est justement à ce moment-là que Narek, un jeune journaliste franco-iranien venu prendre le pouls de la révolte de 2009, rejoint la ville. Cette enquête lui permettra encore une fois de découvrir une facette insoupçonnée de la réalité iranienne.
« Ce roman policier a une intrigue assez convenue et des personnages qui manquent de consistance. Pas de qualités particulières d’écriture. Un style très simple, presque pauvre, peu évocateur, ne permet pas au lecteur de visualiser les scènes.
L’intérêt du roman est que Naïri Nahapétian est le 1er auteur de polars situés en Iran. D’autre part, il fourmille d’indications sur la situation des femmes et la vie politique. Paru en 2012, il était certainement très instructif. Il a moins d’intérêt en 2017, beaucoup de choses étant maintenant mieux connues. » Annick T.
Zoyâ Pirzâd, Le goût âpre des kakis, Zulma, 2009
Dans « le Goût âpre des kakis », Zoyâ Pirzâd explore avec subtilité, lucidité, tendresse et une certaine nostalgie les chassés-croisés de la vie amoureuse. Une quête que l’on retrouve et qu’on a déjà pu apprécier dans les nouvelles de « Comme tous les après-midi » ou dans « On s’y fera ». »Le goût âpre des kakis » nous transporte en Iran à travers cinq nouvelles :
– Dans la première, une femme est obsédée par les taches.
– Dans la seconde, deux femmes vont se croiser à l’occasion de la vente de leur appartement.
– Dans la troisième, Taraneh, fiancée à monsieur Naghavi durant une année, va épouser Morad nettement plus imprévisible.
– L’harmonica raconte les relations entre Hassan et monsieur Kamali travaillant tous les deux dans un restaurant et le changement depuis le mariage de Kamali.
– Pour finir « Le goût âpre des kakis »:une femme ne se sent pas en sécurité dans sa maison depuis la mort de son mari et prend un locataire.
Ces cinq nouvelles ont un point commun : le couple tiraillé entre tradition et modernité.
« Cinq nouvelles qui ont pour thème le couple dans l´Iran d´aujourd’hui. Les personnages oscillent entre traditions et modernité, illusions et désillusions, désirs et frustrations. Style agréable, rythmé.
Un petit plaisir de lecture. » Stéphanie R.
Jean-Claude Carrière, La conférence des oiseaux, Albin Michel, 2008
La Conférence des oiseaux, est un des plus célèbres contes soufis, qui a beaucoup influencé le grand Rûmî, et dont le persan Farid Uddin Attar (1142-1220) fit l’un des plus beaux récits poétiques de tous les temps. Il raconte comment les oiseaux se mirent en quête d’un oiseau mythique, le Simorgh, afin de le prendre comme roi. Au terme d’une épopée mystique et existentielle, ils découvrent que le Simorgh n’est autre qu’eux-mêmes : » Le soleil de ma majesté est un miroir. Celui qui se voit dans ce miroir, y voit son âme et son corps. » De cette allégorie de la rencontre entre l’âme et son vrai roi, Jean-Claude Carrière a tiré une œuvre théâtrale, mise en scène par Peter Brook à Avignon en 1979. Longtemps épuisé, ce classique contemporain par lequel un trésor du patrimoine spirituel mondial retrouve son oralité première est enfin rendu à son public.
Nicolas Wild, Ainsi se tut Zarathoustra, La Boîte à bulles, 2011 (BD)
Par un concours de circonstances Nicolas se retrouve embarqué dans un voyage en Iran sur les traces des derniers zoroastriens. Cette religion monothéiste ancienne, fondée par Zarathoustra, a été la religion officielle de l’Iran avant que l’Islam ne s’impose. Venu assister à l’inauguration du centre culturel Zoroastrien de Yazd, à travers ce séjour en Iran, mais surtout dans les coulisses du tribunal de Grande Instance à Paris, il nous dévoile les dessous d’une affaire qui avait bien peu de chances d’arriver jusqu’à nous…
Nous trois ou rien, réalisé par Kheiron, 2015 (DVD)
Le film narre l’histoire vraie d’Hibat Tabib — joué par son fils, l’humoriste Kheiron — et de son épouse Fereshteh — incarnée par Leïla Bekhti. Jeunes Iraniens, militants pour la démocratie, ils contestent le régime du shah, puis celui de l’ayatollah Khomeini, et sont contraints de fuir leur pays en 1984. Le film raconte leur vie en Iran puis leur exil en France et leur arrivée en Seine-Saint-Denis, où ils s’impliquent dans la vie associative locale.
Nahid, réalisé par Ida Panahandeh, 2015 (DVD)
Nahid, jeune divorcée, vit seule avec son fils de 10 ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la loi iranienne, la garde de l’enfant revient au père mais ce dernier a accepté de la céder à son ex femme à condition qu’elle ne se remarie pas. La rencontre de Nahid avec un nouvel homme qui l’aime passionnément et veut l’épouser va bouleverser sa vie de femme et de mère.
2 août 2018 à 4h02
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9 août 2018 à 0h57
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