kougelhopf

 

« On devrait restaurer les vieilles coutumes lorsqu’elles sont gracieuses. Les garçons sensibles vous offriront des bouquets de violettes, d’autres se pointeront avec du muguet. Quant à moi j’ai choisi de vous esmayer avec du consistant : viride botte d’asperges nouvelles. L’asperge, c’est le plat comique de la cuisine française. L’esprit gaulois y est allé rondement avec cette liliacées, prouvant que succulence trimait parfois avec truculence. […]

Une fois de plus c’est chez les Grecs qu’il faut remonter si l’on s’intéresse à la cuisine et aux moeurs asparagales. Au temps d’Anacréon on faisait ses délices avec des jeunes pousses d’asperges sauvages qui poussaient dans les vignes. Les Romains qui les préféraient grosses décidèrent de les cultiver. Les Arabes les ont introduites en Espagne. De là elles gagnèrent la France. […]

L’asperge est délicate. Sa beauté éphémère ne peut se prolonger par d’artificieux tripotages.  L’asperge de conserve est un désastre. Il existe autant de capitales de l’asperge que de villes natales d’Homère. […] Restons en Alsace avec cette recette.

 Kouglof aux pointes d’asperges vertes et aux lardons

Faites une pâte à kouglof avec 300 g de farine, 1dl de lait, 2 œufs, du sel, du poivre, 15 g de levure et 1 pincée de muscade. Quand la pâte est homogène, ajoutez 50 g de beurre ramolli et 250 g de crème fraîche. Laissez reposer une heure, coupez les asperges vertes en cubes de 2 cm et faites blanchir 200 g de lardons. Mélangez les lardons et les asperges à la pâte que vous déposerez dans le moule et faites lever une heure. Cuire au four à 200° pendant une heure. Ce kouglof se déguste à l’apéritif avec un verre de riesling. »

Extrait de Emilie, une aventure épistolaire.
9782246790716-T_0oberlé(photo Grasset)
Gérard Oberlé, né le 27 novembre 1945 à Saverne, est un écrivain français. De son enfance passée en Alsace il a gardé intact une gourmandise prononcée pour les produits du terroir, les mets et vins fins. Véritable puits de science il cite dans le texte Pétrone, Rabelais ou Muret. Bibliophile expert en livres anciens il cultive son amour des Humanités. Ecrivain de toutes les marges il embrasse la vie avec truculence. Il fut l’un des plus proches amis de feu Jim Harrison avec lequel il partageait son amour de la liberté et des grands espaces. Son dernier roman Bonnes nouvelles de Chassignet vient de paraître chez Grasset et la « magie-Oberlé » nous entraîne cette fois en Egypte, en Nouvelle Calédonie ou en Arizona.