La poésie qui s’écoute, du Japon à Vaduz en passant par la médiathèque

Vous êtes-vous déjà dit que la poésie, c’est à la fois un temps et un espace ? êtes-vous plutôt ici et maintenant ou ici et au-delà ? Voici 2 propositions qui illustrent ce grand écart puisque dans chacune d’elle on retrouve ces 2 dimensions, même si elles différent énormément dans leurs formes. Leur point commun : la sonorité, ce caractère particulier qui renforce l’expressivité. Lisez, écoutez, et passez vous aussi à l’écriture et à la voix !

Vaduz, poésie monde

Commençons par 2 noms que peu de gens connaissent : Vaduz et Bernard Heidsieck. Vaduz est la capitale du Liechtenstein, ce petit pays au bord du Rhin, entre la Suisse et l’Autriche. Quel rapport avec la poésie ? C’est là qu’arrive Bernard Heidsieck, grand poète français, l’un des créateurs de la poésie action : pour lui le texte se présente comme une chose vivante et immédiate et doit prendre une texture quasiment physique, la « poésie sonore » est aussi visuelle. En 1974 il est invité à Vaduz pour créer un poème sonore pour l’inauguration d’une fondation d’art. Vaduz ? Vaduz ? que faire de Vaduz ? Pendant des semaines il tourne autour de ce nom, cherchant une motivation sur un lieu perdu sur la planète.

Lui vient alors l’idée de tracer sur une carte du monde, à partir de Vaduz, des cercles d’égale largeur, s’éloignant en parallèles successives jusqu’à en boucler la surface totale. Sur ces cercles il place toutes les ethnies possibles – et non des nationalités – vivant là dans leurs spécificités de langues, cultures, aspirations, singularités. au final, Vaduz est un long papyrus de plusieurs mètres qui se doit d’être lu très rapidement, presqu’à en avoir le tournis !

Le haiku : essayez-vous à la poésie de l’instant

Le haïku est une forme poétique venue du Japon et se caractérise par sa brièveté élégante et son attention à transmettre le sentiment du poète sur une scène qu’il observe. Voilà pourquoi de nombreux haïkus sont inspirés par l’observation de la nature, des saisons et ont la particularité de ramener le lecteur à l’instant présent tel que vécu par le poète. Bashō, l’un des grands maîtres du genre, estimait que le haïku s’efforce d’exprimer la beauté contenue dans les plus simples choses de la vie :