« […] sur la gauche de Bell Yard, en redescendant Carey Street, se trouvait, à l’époque où nous écrivons, l’une des boutiques les plus célèbres que Londres ait jamais comptée, et qui vendait des tourtes au veau et au porc. Nobles ou roturiers, riches ou pauvres, tous s’y rendaient ; la renommée de la boutique s’était étendue dans toute la ville, et c’était parce que la première fournée de ces tourtes était prête à midi que les jeunes juristes se précipitaient pour en acheter à cette heure.
Leur renommée s’était même étendue au-delà des murs de la ville, et de nombreuses personnes en ramenaient jusque dans la banlieue de la cité pour gâter ceux de leurs amis et de leur famille qui vivait là. Et la réputation de ces tourtes n’était pas surfaite ; leur saveur ne fut que rarement égalée, et jamais surpassée. Leur pâte était très délicate et fine, et imprégnée de l’arôme d’une sauce dont le goût savoureux ne peut être décrit. De même, les petits morceaux de viande qu’elles contenaient étaient si tendres, et la graisse si bien dosée, que manger une tourte de Mrs Lovett incitait presque toujours à en manger une autre […] »

Peut-être connaissez-vous déjà le film de Tim Burton Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street ? Si c’est le cas, vous connaissez la particularité des « meat pies » (tourtes à la viande) de Mrs Lovett !
A l’origine du film, il y a une comédie musicale, mais surtout le livre Le collier de perles de l’auteur britannique James Malcolm RYMER (édité en France en 2011, aux éditions Callidor).  Ecrit en 1846, inspiré de faits plus ou moins avérés, il a tenu en haleine un lectorat très nombreux. Imaginez, une histoire de serial killer à la Jack l’Éventreur, doublée de cannibalisme (pour les curieux-ses, voir le lien avec L’Affaire de la rue des Marmousets)
Car oui, l’ingrédient spécial des tourtes à la viande de Mrs Lovell, ce sont bien les cadavres des victimes de son amant, le diabolique barbier Sweeney Todd ! Si le couple sanguinaire du Londres mal (af)famé du XIXe siècle est très différent du roman au film (Johnny Depp tient quand même plus du Comte de Montecristo que de Jack l’Éventreur), les tourtes sont les mêmes… Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici, dans le film de Tim Burton, les fameuses tartes de Mrs Lovett avant l’ajout de l’ingrédient miracle (en anglais) :

Ou alors, pour une recette plus « conventionnelle », c’est PAR ICI ! Bon appétit…

Carac0l