Dans son sixième roman, Miss Islande, la romancière islandaise Audur Ava Olafsdottir, très appréciée en France depuis son très remarqué roman Rosa Candida, nous narre avec son style doux et concis, la détermination d’une jeune femme à réaliser son rêve.

En 1942 naît Hekla, en référence à l’un des volcans de l’île les plus actifs. Ses parents s’attendaient à avoir un garçon, première déception ? A l’âge de vingt-quatre ans, armée de ses trois manuscrits, d’une machine à écrire et du roman Ulysse de James Joyce, elle va tenter de se faire publier. Un rendez-vous à l’Académie de la beauté de Reykjavík va lui faire comprendre que la société des années soixante laisse peu de place aux femmes et le fonctionnaire lui conseille plutôt de concourir au titre de Miss Islande. Ce refus va lui faire prendre conscience du traditionalisme de la société islandaise.

Déterminée malgré tout, Hekla va arpenter Mokka, le quartier bohème de Reykjavík, où elle fera la connaissance de Starkadur son futur amant, poète en devenir, qui finalement ne la prendra pas plus au sérieux. Pour preuve, le cadeau qu’elle recevra de sa part à son anniversaire : un livre de recettes de cuisine… D’autres figures émergent de ce roman comme Isey, l’amie d’enfance, frustrée dans son épanouissement professionnel car cette dernière souhaitait également vivre de sa plume. Cependant la pression familiale fut plus forte et sa vie s’est déployée de façon bien plus conventionnelle. Ou Jon John, l’ami métis et homosexuel, travaillant sur un bateau de pêche bien que souffrant du mal de mer et en proie aux moqueries de ses collègues. Lui se rêve costumier pour des comédies musicales…

Miss Islande est un roman mélancolique, qui questionne la société : quelle place est-elle prête à laisser à ceux qui cherchent une autre voie pour leur émancipation. L’obstination est parfois source de grande désillusion mais Hekla est prête à en payer le prix.

Miss Islande, d’Audur Ava Olafsdottir, Edtions Zulma, traduit de l’islandais par Eric Boury.