On connait Tomi Ungerer illustrateur, à qui les Rencontres d’illustration de Strasbourg devaient rendre hommage en ce mois de mars bouleversé. On connait moins Tomi Ungerer écrivain et encore moins Tomi Ungerer boucher. Dès que vous le pourrez je vous invite à lire Acadie (« Far Out isn’t Far Enough », paru en 1983), le récit d’une des six années qu’il a passée dans les années 1970 en Nouvelle-Ecosse.

En 1971 il s’y installe avec sa femme à trois kilomètres d’un petit port de pêche, Gull Harbor, sur une presqu’île vivant de l’élevage et de la culture. Un récit palpitant à l’humour plutôt grinçant, avec une galerie de portraits de voisins aussi bruts et dangereux que les éléments et le vivant avec lesquels il faut composer. Tomi Ungerer, descendant de bouchers, va lui-même faire l’apprentissage et l’expérience de cet état. Il se montre fin mais espiègle observateur du monde dans lequel il baigne, oscillant entre la faune domestique et la faune sauvage. Âmes sensibles s’abstenir ?

 

La recette de l’Orgelpfiffe

Que cet extrait ne vous fasse pas penser qu’Acadie est un manuel de gastronomie grandiloquent, loin de là. Si vous êtes également tenté par le barbecue de homard à la Micmac, rendez-vous page 126. Tomi Ungerer, pêcheur ? Non, quand même pas…