Vous ne vous intéressez peut-être pas à la poésie, mais s’il y a un moment dans l’année propice à y goûter, c’est le Printemps des poètes. La poésie prend des milliers de formes, il y en a probablement une qui stimulera vos sens. En 3 minutes on essaie avec 3 auteurs et 3 propositions : la radiophonique, la kaléidoscopique et la mécanique ! Bon courage pour une petite parenthèse de lecture poétique !

Radiophonique la poésie ?

Jackie Kay est une poète, dramaturge et romancière écossaise née en 1971. Il y a peut-être un peu de tout cela dans Carnets d’adoption, publié en 1991, son premier recueil de poésie. Il y est question d’un enfant adopté à la recherche de son identité culturelle. Raconté à travers trois voix différentes, une mère adoptive, une mère biologique et une fille, ce recueil explore les questions de race, d’individualité, de parentalité et d’amour. Jackie Kay l’a dédié à sa mère adoptive. Carnets d’adoption mêle expérience personnelle et imaginaire, et lui a permis de remporter le Scottish Arts Council Book Award et le Forward Poetry Prize en 1992 (British Council). Il a d’ailleurs fait l’objet d’une adaptation audio sur la BBC.

L’assistante sociale a téléphoné,
Les papiers d’adoption
ne peuvent être signés
Ne vous laissez pas submerger.
Qu’est-ce qu’elle croit ?
Je ne suis pas une mère
tant que je n’ai pas signé ce bout de papier.

Kaléidoscopique la poésie ?

Jan Wagner est né en 1971 à Hambourg. Lauréat du prestigieux prix Büchner, il partage son temps entre l’écriture poétique, la traduction de poètes anglophones et la critique poétique et littéraire pour de grands journaux allemands. « … puisque tout s’anime, que tout, chez Jan Wagner, devient oiseau, forêt, navire ou étoile qui le guide, on partira aussi vers de vrais objets, de préférence les plus simple: serviettes, savon, balles de tennis… ». Les variations de la citerne forme un kaléidoscope entêtant  : foisonnement, jubilation, mais aussi réflexion car tout fait miroir dans lequel se voir. Outre-Rhin, on apprend ses poèmes par cœur…

pourquoi tante mia s’était-elle planté
-et quand au juste ? – un chaton dans le nez,
l’histoire ne le dit pas. ce que l’on sait : plus elle
tentait de le saisir, plus il se débinait
dans la pénombre, petite boule de grêle,
blanche comme une hermine en sa cache planquée.

 

Mécanique la poésie ?

La poésie à contrainte on connait, en voici une qui ouvre pourtant à une grande liberté : pendant deux ans, les poètes Vanda Miksic et Jean de Breyne (s’)écrivent durant leurs déplacements de voyage, dans l’autobus, la voiture, le train, l’avion… Cela donne l’ensemble de poèmes Des transports. « Jean de Breyne, né en 1943, proche familialement et professionnellement du monde croate, éditeur, photographe et poète français, d’une part. De l’autre, Vanda Mikšić, née en 1972, poétesse, traductrice  et universitaire croate (qui écrit ici directement en français). La collaboration professionnelle est devenue amitié : intimité confiante, perplexités bénévolement croisées. Ils s’envoient aussitôt lettres et courriels, et nous parlent en s’écrivant. » (poezibao) Ils nous ouvrent accès à leur expérience littéraire, y entrer relève aussi de l’expérience. Ou du courage ?

On part dans la nuit
N’est-ce pas V. ?
Oh ! Pas de la nuit
Nous partîmes de la nuit et
Il parait que c’est violent
De venir au jour

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le siège
marron n°3 par exemple c’est la dame
qui travaille dans un village indien
reconstitué sur la trace de winnetou
s’occupe de tout prépare des plats
typiques pour des touristes  qui tout inclus
visitent le canyon à cheval et
dont le mari a disparu une nuit à l’aube