Bienvenue dans ce premier Club de lecture en ligne !
Pour ce premier rendez-vous du club des lecteurs à distance, je me lance et vous propose mon coup de cœur, un point de départ pour échanger ensuite dans les commentaires.
Cette semaine, direction l’Islande avec un beau roman puzzle sur les amours impossibles. Les auteur-e-s islandais-e-s ont un don pour décrire avec brio, force et poésie les sentiments humains tout comme la nature qui les entoure, probablement car la littérature et la poésie sont profondément ancrés dans leur culture. C’est le cas des romans de Jón Kalman Stefánsson. L’écrivain et poète islandais est l’auteur d’une dizaine de romans (Entre ciel et terre ; D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds parmi les plus connus) et de trois recueils de poésie.
Un roman puzzle sur l’amour
Dans son dernier roman, Ásta, l’auteur fait le récit croisé des existences d’une jeune fille prénommée Ásta, de son père Sigvaldi, de sa mère Helga et de nombreux personnages de l’entourage de la jeune fille, sans oublier certains chapitres consacrés au narrateur, lui-même écrivain. L’auteur saute sans prévenir d’une époque à une autre et d’un personnage à un autre ! Cela peut être un peu déroutant au début, mais comme le justifie le narrateur : « Il est impossible de raconter une histoire sans s’égarer, sans emprunter des chemins incertains, sans avancer et reculer, non seulement une fois, mais au moins trois – car nous vivons en même temps à toutes les époques. »
Il y a donc plusieurs narrations dans ce roman et il est difficile d’en faire un résumé « chronologique ». L’histoire débute dans les années 50 au moment où la passion anime Sigvaldi et Helga. Un couple autant fusionnel que destructeur comme nous l’apprendra la suite de l’histoire. De cette union née Ásta dont le prénom émane d’une grande figure de la littérature islandaise et qui, à une lettre près, signifie Amour (Ast).
On suit aussi Ásta, adolescente, dans les années 60, qui se retrouve à passer un été dans une ferme isolée des fjords de l’ouest, aux côtés d’un fermier complètement renfermé sur lui-même, de sa vieille mère sénile et de Josef, un garçon de ferme aussi étrange que fascinant. Cet été va bouleverser la vie de la jeune fille et va la faire grandir indubitablement. C’est la partie qui m’a le plus touchée, on sent vraiment que la jeune fille passe de l’enfance à l’âge adulte.
Une autre narration se fait dans une époque plus récente, alors que le père d’ Ásta en bien mauvaise posture, fait le bilan de sa vie et évoque ses souvenirs, permettant au lecteur de comprendre l’enfance d’Ásta et les relations avec ses parents, d’un autre point de vue que le sien.
Enfin, il y a le récit du narrateur-écrivain, à l’époque actuelle, qui s’est retranché dans une chambre d’hôte à la campagne pour écrire l’histoire d’Ásta. C’est sans doute la narration qui m’a le plus déroutée ne comprenant pas vraiment qui est ce narrateur et quel lien il entretien avec la jeune fille, qu’il semble pourtant connaitre !
Vous l’aurez compris, ce récit est construit comme un puzzle mais rassurez-vous, à la fin, on comprend les liens qui unissent, ou ont unis, les différents personnages !
A travers ces récits croisés et mélangés de chaque personnage, Stefansson livre ici l’histoire tragique d’amours passionnés. L’amour y est présenté comme un sentiment si fort qu’il peut ronger l’âme jusqu’à la folie. Chaque personnage, même secondaire, apporte au récit son histoire d’amour et sa mélancolie. J’ai trouvé que tous étaient émouvants et on ne peut que s’attacher à la jeune Ásta ballottée par la vie. Ásta est un grand roman sur les sentiments amoureux, sur la quête du bonheur et la liberté mais c’est aussi, à mon sens, un roman sur la transmission, sur l’héritage émotionnel que peuvent laisser les parents à un enfant. Jón Kalman Stefánsson m’a ébloui par son écriture sensible et poétique mais non moins tout a fait accessible. Les réflexions philosophiques ne sont pas en reste, et le récit est également teinté d’un érotisme mélancolique qui ne fait que rendre ses personnages plus vivants.
Je vous invite donc à découvrir ce beau roman qu’est Ásta , un livre original de part sa construction et très émouvant par son histoire, un « grand » livre sur l’amour et les relations humaines qui invite à la réflexion !
« Les vérités du coeur ne font pas toujours bon ménage avec celles du monde. C’est cela qui rend la vie incompréhensible. C’est notre douleur. Notre tragédie. La force qui fait notre lumière »
Et vous, avez-vous lu ce livre ? Si oui, qu’en avez-vous pensez ? Ou bien avez-vous lu d’autres romans de J.K. Stefánsson ou d’autres auteurs islandais ?
Ou plus simplement : quel est la dernière lecture qui vous a marqué et que vous souhaiteriez partager ?
Dites nous tout dans les commentaires !
20 novembre 2020 à 17h41
La couverture est étrange mais ca donne envie, merci ! Le dernier roman islandais que j’ai lu c’est L’île de Sigridur Björnsdottir, une histoire d’effondrement de société qui fait froid dans le dos…
24 novembre 2020 à 11h45
Merci pour cette suggestion de lecture « glaçante » !
24 novembre 2020 à 10h28
Je n’ai pas lu Asta mais je viens de découvrir cet auteur avec Lumière d’été puis vient la nuit qui m’a vraiment plu…
C’est sans doute le froid ou l’isolement qui rapprochent les personnages de Stefánsson de ceux de Arto Paasilinna…
En tout cas, l’écrivain islandais nous plonge non sans humour et tendresse au cœur d’une communauté très attachante en montrant beaucoup de clémence pour les petits et grands travers de ses personnages au fil d’une écriture claire et fraîche comme un torrent nordique…
Une belle découverte !
24 novembre 2020 à 12h00
Merci pour votre retour ! « Lumière d’été, puis vient la nuit » est le dernier roman de Stefansson, paru il y a quelques mois. Votre commentaire donne vraiment envie de se plonger dans cette belle lecture ! On peut effectivement faire le rapprochement avec les romans de l’auteur finlandais Paasilinna dans le style de l’écriture, les descriptions de personnages singuliers et de la nature.
30 novembre 2020 à 13h18
Merci pour cette suggestion. Je n’ai pas lu le livre, ni d’autres livres de l’auteur. Votre résumé me donne envie de le lire. Mon dernier coup de coeur c’est ‘The Left Hand of Darkness’ par Ursula K. Le Guin. On suit l’aventure de Genly Ai sur un autre planete: Winter. Il est question d’ adaptation á une autre culture, comment le fait d’etre garcon ou fille change la perception et attentes des autres sur nous, une petite dose de bouddhisme et le tout sur un fond poétique.
On doit acheter le bouquin (Asta) ou il y a une version PDF? Combien de temps avant la premiere rencontre?
1 décembre 2020 à 14h14
Merci pour votre commentaire et pour votre appréciation du roman « La main gauche de la nuit »! Vous trouverez de nombreux autres ouvrages d’Ursula K Le Guin dans notre fonds de littérature de l’imaginaire.
Concernant les livres présentés sur ce blog, vous pouvez les emprunter dans les médiathèques du réseau Pass’relle. (En cliquant sur le titre dans l’article, vous tomberez sur la notice de la médiathèque) Les médiathèques ont rouvert leurs portes samedi, il est donc à nouveau possible de venir choisir et emprunter vos documents (la consultation sur place est par contre proscrite pour le moment)
Par ailleurs, tous les clubs de lecture sont suspendus, aussi, nous vous donnons rendez-vous sur ce blog mi décembre pour un nouveau partage de lecture !