La nuit revêt-elle cette année une dimension particulière ? Cette moitié de jour tantôt effrayante tantôt désirable, temps de l’obscurantisme comme des joyeuses veillées, est le décor idéal de mystères, de monstruosités ou d’introspections. Lire la nuit peut aussi démultiplier les émotions. Quelles lectures la nuit vous rappelle-t-elle ?

Avec le couvre-feu à 18h, les noctambules que nous sommes devenus sont bousculés. Nous voilà livrés à nous-mêmes et tout le monde le sait, la nuit nous ne sommes plus nous-mêmes ou nous sommes un autre nous-même… une vraie matière à fiction ! Depuis que les romantiques ont transformé la nuit en énergie créatrice, tout est possible. A quelques jours des Nuits de la lecture, commençons par une proposition à quatre mains !

Nathalie a relevé dans nos dernières nouveautés un magistral thriller psychologique et social de Laurent Mauvignier, Histoires de la nuit (Minuit 2020). C’est un huis clos rural qui plonge le lecteur, en un jour et une nuit, dans une atmosphère envoûtante voire asphyxiante. La nuit révèle les pensées et angoisses les plus intimes des personnages dans une tension dramatique extrême, amplifiée par de longues phrases qui laisse le lecteur à bout de souffle.

Pour moi ce sera un retour sur Amour de Hanne Orstavik (Les allusifs, 2011) : Vibeke et Jon, mère et fils, viennent de s’installer dans un endroit situé au nord de la Norvège. Jon, fils unique, 9 ans moins un jour, attend, dans le froid et la nuit, sa mère, partie rompre sa solitude dans les bras d’un forain de passage. Quiproquo, incompréhension, peur pour la mère, pour le fils, la tension est forte, autant qu’est longue la nuit dans ces régions septentrionales. Un roman étreignant magistralement concis.

Et vous, que vous inspire le « nuit » ?