L’automne est là et nos amis du club de lecture sont revenus, impatients de partager leurs coups de cœur après une trop longue année d’attente.

À la médiathèque Malraux, sous les masques, hélas encore présents, les sourires se dessinaient et Nathalie a la joie de reprendre le flambeau de Delphine et Philippe qui s’en sont allés vers de nouvelles aventures. Très fidèles du club et des petits nouveaux étaient présents. Merci à Bruno, Mojtaba, Arlette, Jocelyne et Laurence, qui nous a permis une nouvelle fois de partager ses notes, d’avoir accueilli avec bienveillance Colette, ancienne guide touristique à Wissembourg et Marius, étudiant en histoire de l’art, poète et dessinateur.

Ce fut un beau temps de partage et l’occasion de surprenantes découvertes !

Des nouveautés qui donnent envie

Bruno fan du président : Le roman tout juste publié Le dernier secret de Solenn de Royer, reporter au Monde, a happé Bruno qui a découvert la relation amoureuse de François Mitterrand avec une jeune étudiante en droit de 22 ans, entre les années 1988 et 1996, année de décès du président.

Une histoire gardée longtemps secrète et hors norme qui raconte la fascination entre deux êtres et deux générations.

La rentrée littéraire de Laurence

Deux titres, parmi une production encore particulièrement prolifique cette année, ont attiré son attention.

 

La définition du bonheur de Catherine Cusset

C’est l’histoire de deux femmes sur une période de 40 ans, entre les années 80 et nos jours. Clarisse, passionnée, sensuelle, et Ève, plus stable, dans la construction et le contrôle ; toutes deux sont françaises mais Ève vit à New York. Elles se rencontrent dans le dernier quart du livre, qui explore plusieurs thèmes : l’angoisse de la solitude et la difficulté à se voir soi-même. Beaucoup de finesse et une très belle écriture caractérisent ce dernier roman de l’auteure, normalienne, professeure de littérature française du XIIIe siècle (le siècle du matérialisme et de l’anticléricalisme) à Yale, et qui vit à New York.

Le fils de l’homme, 5e roman de Jean-Baptiste Del Amo, l’auteur de Règne animal

D’une grande violence psychologique ce roman raconte la découverte du monde des adultes à travers les yeux d’un enfant.  Avec une très belle écriture l’auteur plonge le lecteur dans un huis clos familial, menacé par la folie d’un père, au sein d’une nature sauvage et fascinante. Ce roman vient d’ailleurs de remporter le prix du roman FNAC.

Des auteures prometteuses

Nathalie nous recommande également deux premiers romans de la rentrée littéraire:

Blizzard, de Marie Vingtras, avocate, fan de littérature américaine (Ron Rash)

En Alaska, en pleine tempête de neige, une femme lâche la main de l’enfant qui l’accompagne pour refaire son lacet, et le petit disparaît. Plusieurs personnages se mettent à rechercher l’enfant, chacun dévoilant une partie de son histoire personnelle et les raisons profondes qui l’ont amené dans ce coin reculé. Une construction littéraire très habile, un art de la narration dense, proche de celui des nouvellistes, font de ce petit ouvrage un très bon premier roman.

Mon mari, premier roman de Maud Ventura (master en philosophie, rédactrice chez NRJ)

Une femme, mère de deux enfants, est obsédée par l’amour qu’elle voue à son mari, et note tous ses faits et gestes dans un petit carnet. Une histoire drôle, grinçante et d’une grande finesse psychologique qui nous fait plonger dans la psyché d’une femme et de sa vie de couple. Jubilatoire et terriblement efficace !

Questionnements autour des transfuges de classe

Arlette a été séduite par la lecture de :

Se ressaisir : enquête autobiographique d’une transfuge de classe féministe de Rose-Marie Lagrave. L’auteure nous livre une autobiographie sociologique. Issue d’une famille catholique pauvre de 11 enfants elle a vécu dans une ferme en Normandie, puis a pu étudier en tant que boursière et est devenue directrice d’études à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales). Elle estime qu’il n’y a pas « d’ascenseur social » : il faut emprunter les « escaliers de service ». Il y a néanmoins des « alliés d’ascension » qui peuvent tendre la main. Malgré l’âge, les diplômes et la réussite sociale elle ne se sent toujours pas légitime.

Arlette se demande pourquoi le temps n’efface pas ces complexes et nous cite également : Et tes parents, ils font quoi ? Enquête sur les transfuges de classe et leurs parents (2021) d’Adrien Naselli, normalien, journaliste, fils d’un conducteur de bus.

Elle nous fait partager ses découvertes et amène chacun à s’interroger sur ces personnes qui ont magnifiquement réussi dans leur vie sociale et culturelle et continuent à se dévaloriser bien des années plus tard alors que leur milieu social d’origine était pauvre et inculte.

Côté littérature étrangère

Jocelyne : de l’histoire anglaise à l’histoire japonaise

Elle vient d’entamer le premier tome de La Dynastie des Forsyte de John Galsworthy (1867-1933), prix Nobel de littérature 1932,  intitulé Le propriétaire (1906), qui nous plonge dans l’histoire d’une riche famille à Londres à la fin du XIXe siècle. Outre ses qualités littéraires, cette saga pleine d’humour, très classique et historique, aborde particulièrement diverses questions de société comme le féminisme, le racisme ou le travail. Jocelyne se réjouit de pouvoir découvrir les deux autres tomes.

Amatrice de littérature nippone, elle a eu un coup de cœur pour Âme brisée de Akira Mizubayashi, écrivain japonais et professeur de français au Japon. Ce roman, écrit directement en français, commence en 1938, en pleine période de politique expansionniste de l’empire japonais, au centre culturel de Tokyo. Yu, un japonais épris de musique classique occidentale, joue du violon avec 3 étudiants chinois lorsque les soldats japonais font irruption, cassent les instruments et embarque les musiciens soupçonnés de complotisme. Rei, le fils de Yu, petit garçon de 11 ans, est témoin de cette violence et ne reverra jamais son père. Le mot âme, utilisé pour le titre, fait référence à une petite pièce de bois dans le corps de l’instrument. Un très beau roman sur le thème du deuil impossible et du souvenir, que Jocelyne nous recommande chaudement.

Colette : L’âme arménienne

L’ami arménien (2021) de Andreï Makine, né en Sibérie en 1957, prix Goncourt en 1995, nationalité française en 1996, élu à l’Académie française en 2016.

L’auteur conte l’histoire d’une amitié entre deux adolescents : le narrateur, orphelin solitaire, et un jeune arménien fragile et malade dans une ville de Sibérie des 70. Ce jeune garçon découvre la vie de la famille de ce camarade ainsi que celle de toute une communauté venue du Caucase soutenir ses prisonniers politiques accusés de propagande nationaliste. Makine fait une brève allusion au génocide arménien mais sans s’apitoyer. De la nostalgie et une grande humanité parcourent ce court roman que nous recommande Colette.

Les lectures éclectiques de Marius

Marius est fan de Fantasy burlesque et aime en particulier Les annales du disque-monde de l’écrivain britannique Terry Pratchett, né en 1948. Le premier tome date de 1983. Ce « discworld » est plat et comporte 4 continents. C’est un univers très impressionnant. Il estime que le tome 16, « Les accros du roc », gagnerait à être lu directement en anglais. L’une des principales références de l’auteur est Jerome K. Jerome, auteur comique anglais.

Marius nous parle également de Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, publié en 1929.

D’après Le Monde, « Rilke ferait, grâce à elles, partie de ces « écrivains qui sont des agents efficients de la survie du goût pour les livres ». Ces lettres qui parlent de solitude, de sexualité sacralisée, de création « pour soi » ont trouvé des adulateurs fervents jusque chez Dennis Hopper, Dustin Hoffman, Marilyn Monroe ou encore, plus récemment, la chanteuse Lady Gaga, laquelle en a tatoué un extrait sur son bras gauche ». Comme quoi la littérature mène à tout !

De belles propositions de lecture qui, nous l’espérons, vous réjouiront tout autant que nous.

N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires et de vos propres lectures.

 

Pour ceux qui désirent nous rejoindre les prochaines rencontres à la médiathèque Malraux auront lieu les 27 novembre et 11 décembre.

D’autres clubs de lecture ont également repris leurs activités sur le réseau Pass’relle.