Samedi 7 octobre, le club de lecteurs de la médiathèque Malraux a fait sa rentrée !
Avec Elise & Philippe aux manettes, avec Christelle, Isabelle, Arlette, Christiane, Anne et Laurence (que nous remercions pour le fidèle compte rendu).


Nous avons commencé par un échange sur le roman de Gaël Faye, « Petit Pays », dont la lecture nous avait été suggérée pour ce premier Club de rentrée.
Ceci en rapport avec l’exposition qui se tient actuellement à la médiathèque: « Déflagrations »: Dessins d’enfants, guerres d’adultes.
Ce premier roman, Goncourt des lycéens 2016 et Prix du roman Fnac, a été apprécié par tous. Un jeune garçon et sa bande de copains  découvrent la vie à Bujumbura, pleine de saveurs, de couleurs et de musique, et  sont brutalement rattrapés par l’Histoire en 1994. La violence et l’horreur des massacres sont tenues à distance. C’est le Burundi d’avant le génocide qui est magnifiquement décrit, paradis perdu, monde disparu….
A signaler que le livre audio lu par l’auteur a été enregistré avec le musicien Samuel Kamanzi et le texte est entrecoupé de chansons . Il vient d’avoir le prix Audiolib.
Elise présente « La merditude des choses » ( Da helaasheid der dingen) ( 2008) de Dimitri Verhulst, adapté au cinéma par Felix van Groeningen. Un enfant vit chez sa grand-mère qui héberge aussi ses 4 fils sans le sou dans un village des Flandres belges. C’est un roman autobiographique déjanté, sur fond d’alcoolisme, de crasse et de déchéance. La famille de l’auteur a porté plainte .
Ce qui nous amène à débattre sur la question: jusqu’où peut aller un auteur dans l’auto-biographie sans tomber dans l’atteinte à la vie privée de ses proches?
Plusieurs écrivains ont eu des litiges avec des personnages reconnaissables de leurs romans:
-Edouard Louis avec« En finir avec Eddy Bellegueule » (2014) : sa famille à Hallencourt en Picardie conteste ses descriptions .
-Lionel Duroy avec « Colères » (2011): il dévoilait les problèmes de drogue de son fils; celui-ci a obtenu des dommages et intérêts.
-Delphine de Vigan avec « Rien ne s’oppose à la nuit »(2011): on s’immisce dans l’intimité de la famille de sa mère.
-Christine Angot avec « Les Petits »(2011): elle parle de la précédente compagne et mère des enfants de son partenaire Doc Gyneco. Celle-ci a gagné en justice et perçu des dommages et intérêts.
Au sujet de Christine Angot , très médiatisée actuellement, nous avons cité les œuvres suivantes:

  • « Un amour impossible »(2015), sur sa relation avec sa mère.
  • « Une partie du cœur »(2006), sur son travail d’écriture.
  • « La petite foule » (2014), reflet de la société française contemporaine.
  • Le film « Un beau soleil intérieur »(2017) de Claire Denis dont elle a co-signé les dialogues.

En fin de séance Elise dont c’est la spécialité, nous a présenté également 2 très beaux albums:

  • « 14-18: une minute de silence à nos grands-pères courageux » (2014)de Thierry Dedieu
    Un superbe hommage aux poilus, très peu de texte : « Hélas, ma chère Adèle il n’y a plus de mots pour décrire ce que je vis. Gustave », et des dessins au fusain aux tons sépia qui nous laissent sous le choc. A la fin du livre se trouve l’authentique lettre d’Adèle, qui répond au silence du soldat. Un album pour adolescent et non pour enfants.
  • « Fumée » de Antón Fortes et l’illustratrice Joanna Concejo (2009)
    Les camps de concentration à travers le regard d’un enfant.
    Pour le même public que le précédent….

Isabelle évoque « Frankenstein à Bagdad » (2013, traduit de l’arabe en 2016) de Ahmed Saadawi, auteur irakien qui a obtenu en 2014 le prix international du roman arabe.
L’histoire se passe à Bagdad en 2005, alors que la ville fait face à des attentats meurtriers incessants.
Un vieux chiffonnier décide de fabriquer une créature à partir des morceaux de cadavres issus de toutes cultures et religions. Ce Frankenstein devient un justicier vengeur. On découvre l’absurdité de la réalité et la façon dont les gens continuent à vivre. C’est un roman picaresque et plein d’humour qu’Isabelle nous recommande vivement.
Arlette présente « Les étoiles s’éteignent à l’aube » (Medecine Walk) (2014) du canadien Richard Wagamese (1955-2017), de la nation indienne Ojibwe. L’histoire se passe en Colombie britannique, et commence dans une ferme où un vieil homme travaille avec un jeune garçon, Franklin. Le père biologique de celui-ci, détruit par l’alcoolisme, souhaite que son fils l’accompagne au sommet d’une montagne pour être enterré assis. Ce périple permettra à Franklin de découvrir son père et la culture indienne. C’est un roman autobiographique. L’auteur a été abandonné à 6 ans, a été adopté et a connu la drogue et l’alcool. Il a été sauvé par l’amitié d’un bibliothécaire..
Christelle a apprécié un ouvrage qui avait été recommandé par Arlette en Mars dernier: « Le dimanche des mères » (« Mothering Sunday. A romance »)  (2017) de Graham Swift. L’histoire se déroule le 30 mars 1924, un jour de congé pour les serviteurs  des grandes maisons anglaises. Jane n’a pas de famille à visiter, et se rend chez son amant, le fils de famille de la demeure voisine. Jane a accès à la bibliothèque de son employeur, et deviendra elle-même écrivain. Il y a dans ce récit une grande délicatesse d’écriture, beaucoup de sensualité et de luminosité. C’est aussi un hymne à la lecture. Du même auteur a été également cité pour l’élégance de son écriture: « J’aimerais tellement que tu sois là » (2013): l’histoire tragique d’un couple d’agriculteurs sur l’ile de Wright, après la mort du jeune frère du mari, engagé dans la guerre d’Irak.
« Les fantômes du vieux pays « (« The Nix ») (2016) de Nathan Hill. Un premier roman de 700 pages que cet auteur américain a mis 10 ans à écrire. Un jeune professeur de littérature enquête sur sa mère, qui a abandonné le foyer quand il avait 11 ans. Cela lui donne l’occasion d’éplucher 40 ans de l’histoire des USA, et de décrire notre présent envahi par le consumérisme et les réseaux sociaux…
Cette capacité à raconter la vie actuelle se retrouve dans les romans de Virginie Despentes (Vernon Subutex) , ou dans le film « Le cercle », centré sur l’évolution des réseaux sociaux et la disparition de la vie privée.
A également été cité à ce sujet le roman de Tom Wolfe: « Moi, Charlotte Simmons » (« I am Charlotte Simmons »)(2004), où une ingénue découvre la vie universitaire: portrait grinçant de la jeunesse et de la société américaine. 
Anne a aimé « Miniaturiste » (2014) de l’actrice anglaise Jessie Burton: L’histoire se déroule à Amsterdam au XVII e siècle. Première oeuvre de l’auteure qui s’inspire d’une maison de poupée d’époque exposée au Rijkmuseum d’Amsterdam. C’est un roman historique avec une petite note fantastique .
Philippe a lu « Frappe-toi le cœur » d’Amélie Nothomb (2017) Une mère est jalouse de sa propre fille. C’est ce terrible ressenti qu’a choisi d’explorer Amélie Nothomb pour son 26e roman.
Après le club de lecture Elise nous a présenté l’exposition: « Déflagrations: dessins d’enfants guerres d’adultes », à la médiathèque jusqu’au 16 décembre. On y voit 200 dessins d’enfants, illustrant 30 guerres et conflits.
Un grand merci à Philippe pour la qualité de son animation lors de ce premier club de lecture de la rentrée, riche en émotions, et à Elise qui nous a fait découvrir son domaine: Art et Bande dessinée, centre de l’illustration.

Pochain club de lecture: le 4 novembre autour du roman « Tomber » d’Eric Genetet et avec quelques surprises…