Question du jour : pourquoi « romance » rime-t-il autant avec « à l’anglaise » ?

Comédie romantique, amour et sentiments…

L’Angleterre a été l’un des premiers pays à faire du livre un objet destiné au grand public. Connaissez-vous Pamela, ou la Vertu récompensée ? Publié en 1740, ce roman d’amour à succès de Samuel Richardson est un des premiers best-sellers, avec cinq éditions imprimées en onze mois. Plus tard, Jane Austen se joue des romans sentimentaux avec Orgueil et préjugés paru en 1813. La trame du récit rappelle elle-même celle de la « comédie romantique » illustrée par certaines œuvres de William Shakespeare, en particulier Beaucoup de bruit pour rien, en 1600 : le lecteur suit les vicissitudes amoureuses d’un couple de jeunes gens que tout semble devoir séparer, mais que les strictes lois de la comédie prédestinent d’entrée l’un à l’autre. Tout est déjà dit, ou presque ? Sacré raccourci historique !

Roman à l’eau de rose, comédie sentimentale…

Un autre ingrédient : la langue anglaise. Descendante en ligne directe des romance novels que les pulps américains publiaient au même titre que les histoires de détectives ou de science-fiction, la romance est arrivée dans les librairies, les gares et les supermarchés dans les années 1970. C’est tout naturellement que les éditeurs britanniques partageant la même langue ont été portés par ce courant. La reine du roman ‘à l’eau de rose’ est l’incontournable Barbara Cartland aussi connue pour ses plus de 700 titres – pas de titre emblématique cependant…-  publiés que pour son allure excentrique aux tenues vaporeuses de couleur pastel ou rose bonbon et son maquillage outrancier.
Les mœurs évoluent, le roman d’amour aussi, souvent en parallèle avec les adaptations cinématographiques. Qui n’a pas rit et pleuré avec Bridget Jones, ce personnage de fiction tellement réel créé par Helen Fielding ? La comédie sentimentale a le vent en poupe, dans les années 1990’s on parle de « chick litt », « littérature de poulette » :  Sophie Kinsella illustre elle aussi un genre au ton très spécifique, désinvolte, marqué par un recul humoristique et l’auto-dérision. Et un happy ending évidemment.

Romance (s), New romance

Depuis les années 2010 le secteur éditorial ne cesse de monter en puissance, porté par l’énorme succès de la romance érotique Fifty Shades of Grey de la londonienne E. L. James. La romance actuelle est une enfant de la révolution numérique : la « New Romance », c’est un lectorat féminin à plus de 80%, qui écrit beaucoup et s’autopublie souvent, et se lit énormément directement en livre numérique. L’écriture est plus explicite, les codes sont parfois inversés ou bouleversés – mais on ne se cache pas pour lire !

Allez une romance pour la soirée ?

Pourquoi pas Jenny Colgan, auteure de comédies romantiques, pour sa série de La petite boulangerie ? Ou pour Toute résistance serait futile, entre sentimental, suspense et SF :  mathématicienne excellant dans un domaine exclusivement masculin, Connie, avec sa chevelure flamboyante, a toujours été considérée comme un peu bizarre. Mais jamais autant que Luke, jeune homme d’une touchante étrangeté, recruté pour travailler à ses côtés sur un projet de décryptage top secret. « Je n’aurais jamais pensé que je pourrais apprécier un livre sur les maths, les amphibiens et la fin du monde. C’est original, drôle et romantique. Et vous n’avez même pas besoin d’être calés en fractales. »
(Sophie Kinsella, auteure de L’Accro du shopping)

Bonne soirée 🙂