L’autre jour, un livre au curieux titre a attiré mon attention : La mort roule en AudiUne marque de voiture peut-elle devenir un personnage littéraire ? J’ai alors parcouru les rayonnages et je me suis rendu compte que oui. Ce roman danois de Kristian Bang Foss édité par Nil n’est pas un phénomène isolé.

L’attrait des berlines allemandes n’échappe pas à la littérature

Audi, déjà évoqué par un auteur danois, il restait à trouver d’autres marques allemandes. Banco, c’est en littérature polonaise et dans la prestigieuse collection du Monde entier chez Gallimard qu’on trouve ce roman au titre sobre : Mercedès-Benz de Pawel Huelle. La firme BMW se fait plus discrète en figurant simplement dans un recueil de nouvelles. BMW, heckler, décombres de l’auteur bosnien Vladimir Kecmanovic se trouve dans l’anthologie L’ombre du mur, chroniques du mur de Berlin publié aux éditions des Syrtes. (Attention sur la couverture du livre, il ne s’agit pas d’une BMW mais d’une belle Trabant, la voiture populaire de l’ex- République Démocratique Allemande!)

On ne trouve pas Volkswagen, l’autre « voiture du peuple » attirant peut-être moins le public ou les éditeurs. Autre constatation, la littérature allemande ne parle pas directement de ses propres voitures.

De grandes américaines même dans la littérature européenne

Buick Riviera de Miljenko Jergovic est un roman également traduit du bosniaque, publié par Actes Sud. Il nous indique que ces constructeurs, assez confidentiels dans nos contrées, sont très présents dans les littératures européennes. Sans doute cela provient-il de leur pouvoir évocateur du rêve américain. J’en veux pour preuve le roman policier Chevrolet Impala de l’auteure française Michèle Astrud édité aux Forges de Vulcain. Et lorsque deux mythes se rencontrent, la littérature belge et les éditions Fleuve nous offrent un roman sans doute aussi mémorable que sa couverture : Elvis Cadillac, King from Charleroi de Nadine Monfils. Tout s’y croise, la Belgique,  les voitures américaines, les animaux et le roi du rock !

 

Et les françaises, se font-elles remarquer ?

Le trio de constructeurs français est quasiment absent des titres des romans européens. Pas de Peugeot, ni de Citroën, heureusement Renault apparaît discrètement dans un roman policier de Thierry Bourcy publié par Gallimard : L’arme secrète de Louis Renault. Ce Louis Renault n’est autre que le fondateur de l’empire industriel Renault. Il était aussi pilote et inventeur. La couverture ne présente pas une voiture mais un char…

Les italiennes et autres exceptions

Il ne faudrait pas oublier l’attrait des voitures italiennes présentes dans le titre de deux romans : L’ Alfa Roméo d’Annie Cohen aux éditions Zulma et Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage de L.C. Tyler chez Sonatine. Là aussi, c’est une auteure française et une auteure britannique qui construisent leurs romans à partir de ces voitures transalpines. Remarquons la couverture du roman de Cohen où nous pouvons nous imaginer la voiture.

Enfin, deux curiosités : quelle voiture choisissent les auteurs suisses – eux qui n’ont pas d’industrie automobile nationale ? Des américaines, italiennes ou françaises ? Perdu ! dans Skoda d’Olivier Sillig, édité par Buchet-Chastel, est dépeint le parcours d’un rescapé d’un raid aérien en voiture tchèque. Il est accompagné par un nourrisson qui n’est pas le sien. Quittons cet ambiance très Mittel-Europa pour aller encore plus à l’Est. Si Miljenko Jergovic – encore lui – nous fait monter à bord d’une énorme Volga soviétique (marque disparue depuis) dans Volga, Volga, l’auteur russe Mikhail Tarkovskij nous embarque, lui, à bord d’une Toyota dans Toyota-Kresta. La couverture présente directement le poste de conduite.

Il ne vous reste plus qu’à prendre le volant…