Connaissez-vous Alexis Metzinger ? Auteur, producteur et réalisateur strasbourgeois, il saura vous surprendre et susciter votre intérêt, même si vous préférez habituellement l’Histoire à la Fantasy. Nous avons eu le plaisir de l’accueillir à la médiathèque André Malraux, prolongeons une rencontre qui nous a montré comment l’imaginaire s’appuie sur le réel et comment lui-même s’appuie sur une littérature de genre pour explorer nos peurs.

De la littérature au cinéma…

Alexis Metzinger est né en 1979. Après des études en lettres classiques et d’histoire de l’art à Strasbourg, puis de cinéma à Nancy, Alexis Metzinger crée en 2004 avec son frère Yannis la société de production « CERIGO films », basée à Strasbourg, au sein de laquelle ils vont désormais produire leurs propres films documentaires et courts-métrages de fiction, ainsi que des films d’autres réalisateurs.

C’est à travers le regard de John Howe,  illustrateur canadien formé à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, et célèbre pour son travail sur l’univers du « Seigneur des anneaux », que Yannis et Alexis Metzinger entrent dans l’univers de la fantasy . En 2006 sort « Le Seigneur du Château – aux sources de l’Heroic Fantasy »,  un portrait de John Howe au château du Haut-Koenigsbourg en Alsace. Suivent deux séries documentaires : « A la Recherche du Hobbit » en 2014 et « Dragons » en 2018, tous trois diffusés sur Arte. Une nouvelle série documentaire, « Aux Sources de la Fantasy ! » vient d’être diffusée sur Arte et s’attache aux fondateurs du genre, les frères Grimm, William Morris, Lovecraft et Robert. E. Howard.

…et du cinéma à la littérature

Qui dit écriture de scénario dit écriture, et Alexis Metzinger s’est prêté à un exercice de transformation de scénario en roman – oui de « romans », même si le terme a pu lui sembler trop magistral à ses débuts. Dès 2016 trois scénarios deviennent romans quasi parallèlement, et seront pour les deux premiers publiés les années suivantes aux éditions strasbourgeoises La Nuée bleue : un heureux concours de circonstance selon l’auteur, alors que de nouvelles collections voyaient le jour, « L’histoire est un roman », et « Barbares ».

« Confessions d’un chasseur de sorcières » (2020) est à mettre en relation avec son film documentaire « La chasse aux sorcières » (2014), fruit d’un gros travail de documentation, qui soulève des questions d’une étonnante actualité sur la manière dont les sociétés civiles doivent résister aux excès des autorités légales et sur l’importance des contre-pouvoirs. Le roman prend place en 1633 : Johannes Gail est envoyé par l’évêque de Strasbourg à Schirmeck, en Alsace, pour enquêter sur un cas de sorcellerie. Suite à de mystérieux événements, Barbara, une jeune femme vivant seule à l’extérieur de la ville, est accusée d’être une sorcière. La création de ce personnage fictif donne l’occasion de se plonger dans une sombre période historique. En reconstituant la vie d’un village, il réussit à cristalliser toutes les peurs de l’époque autour d’une femme.

Explorer nos peurs

Après le roman du passé, le roman du présent.  Lorsqu’en juillet 2016, Alexis Metzinger commence son roman en mettant en scène un président de la République annonçant un confinement en raison d’un virus devenu incontrôlable, il ne s’attendait pas à vivre un jour l’expérience en question. Achevé en 2018, « #JESUISZOMBIE » est publié en 2021. A Strasbourg, une mystérieuse épidémie transforme des centaines d’habitants en morts-vivants particulièrement agressifs et contagieux. Les scènes d’horreur se multiplient dans la ville en quarantaine, relayées par les réseaux sociaux. Une policière, une journaliste ambitieuse et un jeune homme à la dérive s’allient malgré eux pour rechercher le patient zéro. C’est dans les premières heures de basculement que réside tout l’intérêt de ce genre de situation, estime Alexis Metzinger, qui a vécu comme de nombreux strasbourgeois la ville mise à l’arrêt et les violences lors du sommet de l’OTAN en 2009, ainsi que les mouvements suite à l’attentat contre le journal Charlie Hebdo.

Le zombie est un moyen d’explorer avec les codes d’un certain genre, celui du fantastique, les peurs de notre société, nous explique Alexis Metzinger. Il manie à merveille l’ironie et la satire mais ne s’engage pas, n’apporte pas de réponses. Avec beaucoup de recul, il nous confronte à notre peur de l’autre, de celui qui nous sort de notre zone de confort.

Prochain roman, le roman du futur. Il est déjà écrit – dans un univers de super-héros cette fois – et on espère le voir bientôt publié. En attendant, retrouvez films et romans dans nos collections, et en librairie.