Un club de lecteurs que traversent différentes sensations ce mois-ci.
Marqués par la douleur
Présenté par Jocelyne :« Lettres d’Afrique, 1914-1931 » de Karen Blixen. L’auteure de « La Ferme africaine » et « Le festin de Babette » nous livre la correspondance qu’elle a adressée à sa famille au Danemark entre 1914, date de son mariage et son arrivée en Afrique, et 1931, date de son départ définitif, ruinée.
Elle a contracté la syphilis peu après son mariage, et à l’époque le traitement était aux métaux lourds (mercure, arsenic , bismuth) dont elle subira les effets secondaires jusqu’à sa mort. Sa vie a été passionnante et difficile, marquée par son amour pour le Kenya, et une approche très humaine des populations locales.
Pour aller plus loin,  il y a sur internet une vidéo émouvante de l’INA datant de 1961, dans le cadre de l’émission « Lectures pour tous »: c’est l’interview de l’auteure, âgée de 76 ans, très digne et très coquette, l’œil malicieux, qui s’exprime en excellent français pendant 8 mn, sur « Le festin de Babette » et l’ensemble de son œuvre.
blixen
 doulou
Delphine attire notre attention sur une nouvelle d’Alphonse Daudet (1840-1897), « La Doulou », publié en 1930, 33 ans après le décès de l’auteur. Doulou veut dire douleur en provençal.L’auteur y décrit les douleurs atroces qui était son lot quotidien à la fin de sa vie.En effet il présentait une dégénérescence de la moelle appelée « Tabes dorsal », évolution d’ une syphilis contractée à l’âge de 17 ans. La description  de cette douleur chronique a tellement marqué l’écrivain Julian Barnes que celui-ci en a fait une traduction pour les anglais: « In the land of pain ».
Ages sombres ?

Jean-Marie invite à se placer dans une autre logique que celle que nous connaissons, avec L’Âge de feu, Tome 1: « Dragon » de E.E. Knight, auteur américain de science-fiction et de Fantasy. Le narrateur est le dragon.  Nous suivons sa vie, depuis le nid avec ses frères et sœurs, puis sa quête pour que les dragons, qui vivent des centaines d’années mais sont en voie d’extinction, reprennent leur place dans le monde.
Des éléments de fantastique sont également palpables dans « Les âges sombres » de Karen Maitland, présenté par Nicole. Il s’agit d’un roman policier historique dont l’action se passe au Moyen-Age (XIVè siècle) dans le sud-est de l’Angleterre. Un groupe de femme forme un béguinage dans cette région, ce qui était habituel plutôt dans les Flandres et les régions hanséatiques. Des crimes se produisent. La population, en proie à la famine, cherche des boucs émissaires. Les béguines, menacées, mènent l’enquête. Le récit s’appuie sur de solides fondements historiques, sur les béguinages et le passage du monde païen au christianisme. L’ambiance rappelle « Du domaine des murmures » de Carole Martinez.

Du même auteur:« La compagnie des menteurs« . L’histoire se passe en Angleterre en 1348, pendant l’épidémie de peste noire. Cette peste bubonique, due à une bactérie transmise par les morsures de puces elle-mêmes infectées par les rats,  a décimé le tiers de la population européenne.Un petit groupe de neuf personnages voyage ensemble,  dans une ambiance de peur, famine, dénuement, superstition.Chacun des membres prend tour à tour la parole pour raconter son histoire secrète.C’est un ouvrage qui interroge sur la croyance et l’appartenance : pourquoi ressentons-nous toujours le besoin de croire ?
Sur le même thème citons le Décameron (nouvelles écrites entre 1349 et 1353) de Boccace, qui a également décrit les ravages de l’épidémie de peste noire de 1348, mais à Florence cette fois, en mettant en scène dix personnages.
Retour à la « réalité »
Avec « Deux enfants du demi-siècle » de Charles Nemes, lu par Christiane.
40 ans après avoir été l’un pour l’autre le premier amour d’adolescent, un couple se retrouve par hasard.
C’est le temps des bilans, et en même temps une description de la société française  de ce demi-siècle.
L’auteur, réalisateur et scénariste, ami de la troupe du Splendid, a écrit 5 livres.
Et avec « Anguille sous roche » de Ali Zamir (2016), Prix de littérature francophone Senghor, qui a touché Laurence.
Il s’agit du premier roman d’un auteur de 27 ans, vivant aux Comores, et qui a étudié la littérature française au Caire. C’est l’histoire d’une femme qui est en train de se noyer, dans le bras de mer large de 70 km entre Mayotte et Anjouan.Elle ne sait pas nager, mais lors du naufrage de son kwassa-kwassa elle a pu s’accrocher à un réservoir qui flottait, ce qui lui a donné un petit répit.Elle a 17 ans, elle est enceinte et elle essaie de joindre Mayotte après que son père l’ait chassée de la maison.
Elle nous raconte son histoire dans l’urgence, le livre entier sort de sa bouche d’une seule traite, et il n’y a pas de point pendant 318 pages.Le vocabulaire est très imagé, et l’ histoire pas du tout misérabiliste. Une lecture très originale, qu’on aimerait entendre à haute voix.
Sur le thème des  réfugiés comoriens citons un des best-sellers de la rentrée 2016: « Tropiques de la violence » de Natacha Appanah.
Vanessa a commencé à lire « La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » de Stieg Larsson (1954-2004). Il s’agit du  tome 2 de Millenium, la trilogie publiée à titre posthume du romancier suédois . Vanessa aime particulièrement le personnage rebelle de Lisbeth Salander.
L’histoire a bénéficié de 2 adaptations cinématographiques et également une adaptation BD.
Enfin grâce à Anne-Pascale, « Les vacances c’est la santé » de Philippe Chavanne (2016).
C’est un mode d’emploi pour des vacances qui vous profiteront toute l’année!