Les rencontres entre Velibor Čolić et les personnes qui apprennent le français sont finies et en ce moment, vous n’entendez plus parler de nous… Pourtant, on continue à baigner dans la résidence « Strasbourg Omnibus » : corrections, relations avec l’agence de graphistes pour la réalisation de la maquette, préparation de la cérémonie de clôture de la résidence, …
Aujourd’hui, Marie évoque pour Myriades cette phase si particulière : le travail de corrections sur le texte brut, fait de mille et une petites choses !

« Depuis quelques semaines, Velibor nous a partagé ses écrits petit à petit, ses mots qu’il a travaillés, choisis et agencés avec tout son talent.
Pourquoi à nous d’abord ?
Parce qu’un écrit, ça se relit, ça s’annote, ça se discute aussi. Ça se chérit aussi pour être chouchouté au maximum avant d’être imprimé sans retour possible.
Nous voici avec Olivier pour un petit moment éditeur et éditrice, correcteur et correctrice, ponctuateur et ponctuatrice. Quels métiers de précision et d’échange à la fois ! Alors, on a tâtonné (beaucoup), lu, relu, rerelu, rererelu, rerere… (j’arrête d’accord). Surtout, on a enfilé plein de casquettes différentes pour essayer de penser à tout.

La casquette Majuscule/Minuscule

« Alors quand j’écris « Amin est syrien » je ne me rappelle plus, c’est avec un s majuscule ou un s minuscule ? ». Trois articles sur l’orthographe piochés sur Internet plus tard et c’est plus clair : adjectif = minuscule, nom = majuscule*. Bon, je tremble encore, j’avoue, dès que je vois une nationalité arriver : ce qui n’est pas très pratique d’ailleurs quand on relit un récit autour des migrations…
« Mais quand tu écris « homme », tu parles de l’homme, le mec, ou de l’Homme, l’Humanité ? Les deux vont, hein, mais c’est juste qu’on l’écrit pas pareil… »… Échange, discussion avec l’auteur et on trouve le bon H.

La casquette Mise en forme

« Mmmm, quand tu cites quelqu’un, tu le mets entre guillemets ? Mais si tu veux mettre un mot en valeur, tu le mets en italique ? Mais là, alors ce sont les mots de qui : les tiens, Velibor, ou ceux d’Aïcha ? »… Retour sur Internet avec un très chouette article québécois (de 15 pages…) sur les règles de ponctuation. Et mon cerveau est de nouveau en ébullition : sont-ce les mêmes règles au Québec et en France ?

L’ultime séance de corrections… (c) Alberto & Olivier

La casquette Lecture lente et attentive pour ne rater aucun mot

C’est rigolo en plus parce qu’au bout d’un certain temps, on se rend compte que notre cerveau, il est très bien fait pour remplacer les mots qui manquent : « Mince, je l’ai pourtant lu quinze fois et je n’avais pas vu qu’il manquait le « ne » de « je ne suis pas »… » L’anecdote enseignée au collège du « désert » que l’on lit « dessert » quand on a faim me revient en tête à chaque fois.
Il y en aurait plein d’autres que je pourrais vous présenter : la casquette Est-ce qu’il y a des mots qui reviennent beaucoup ?, puis la casquette A la recherche de l’espace en trop qui s’entend pas mal avec celle qu’on appellera A la recherche de l’espace qui manque…  Et il y a la dernière casquette, celle où tu décides de laisser tranquille le texte : la casquette un peu tremblotante du  J’espère qu’on n’a rien oublié.
Alors, oui, au clap de fin, j’avais le cerveau qui fumait dans tous les sens et j’avais bien pris un mètre avec toutes les casquettes que j’avais enfilées… Par contre, j’avais en moi la fierté d’avoir pu rencontrer ce texte brut et de le cajoler.
Et par-dessus tout, j’avais le grand bonheur de me rendre compte que Velibor Čolić a cette capacité magique à faire du beau. Faire du beau avec des rencontres très différentes, des histoires difficiles et courageuses. Respecter aussi les personnes et leurs confidences tout en écrivant un récit qui parle d’universel.
Bientôt le texte de Velibor part à l’impression, je lui souhaite une belle rencontre avec le papier et l’encre et j’ai hâte de découvrir le produit fini, symbole de cinq mois de travail et de rencontres inoubliables.  »

* le correcteur de la correctrice se permet d’intervenir : majuscule ou minuscule, les deux formes sont acceptées… non, nous n’arrêtons jamais !