Saviez-vous que c’est à Strasbourg qu’Antoine de Saint Exupéry débuta sa carrière dans l’aviation ? Le centenaire de son premier vol sera célébré à Strasbourg en septembre lors des Bibliothèques idéales puis à l’aérodrome du Polygone à la fin du mois. Le dernier vol du créateur du Petit prince, véritable conte métaphysique et œuvre d’auteur la plus traduite dans le monde, est également un moment majeur du mythe qui inspire toujours, en voici quelques exemples. L’esprit Saint-Ex reste bien vivant !

Les premiers vols à Strasbourg

En avril 1921, Antoine de Saint Exupéry débute son service militaire en tant que mécanicien au 2e régiment d’aviation de Strasbourg, à l’aéroport du Polygone. Réellement inspiré, c’est à ses frais qu’il suit des cours de pilotage civil, à sa façon, comme le retrace Gisèle Loth dans L’Alsace : souvenirs d’écrivains célèbres, ou de manière plus fictionnelle Envols : Saint Exupéry en Alsace une BD de Nicolas Kempf, Roger Seiter et Luisa Russo : 91 ans plus tard un étrange manuscrit est retrouvé lors de travaux à la Bibliothèque nationale et universitaire, dont l’auteur pourrait être Saint-Exupéry…
Son brevet de pilotage civil en poche, Saint Exupéry pourra suivre les cours de pilote militaire. La base aérienne de Strasbourg ne disposant pas d’école de pilotage, c’est au 37e régiment d’aviation, à Casablanca au Maroc, qu’il obtient son brevet de pilote militaire, en décembre 1921.

Un dernier vol mythique

Des années plus tard au printemps 1944, Saint-Exupéry a rejoint une unité chargée de reconnaissances photographiques en Sardaigne puis en Corse, en vue du débarquement de Provence. Il disparaît en mer avec son avion lors de sa mission du 31 juillet 1944. C’est en son avion sera retrouvé et formellement identifié au large de Marseille. Saint-Exupéry, un dernier vol est aussi la dernière œuvre d’Hugo Pratt, un récit qui condense réel et imaginaire de manière évanescente et subtile, dans une méditation sur le hasard, le destin et la mort.
Dans Tango pour une rose, Laura Pariani imagine les tout derniers instants de l’aviateur portés sur la folle passion qui l’unit à sa femme, Consuelo, rencontrée à Buenos Aires fin 1930. De l’autre côté de l’Atlantique, justement, en Argentine, Luis Sagasti se propose de réécrire l’histoire du monde en tenant compte d’interprétations ou omissions paradoxales. L’un des textes de son inclassable Bellas Artes construit une constellation autour du dernier vol de Saint-Exupéry, à partir de fragments de biographies qui s’y relient, car « Le monde est une pelote de laine », n’est-ce pas ?

 

St-Ex de l’Europe à la planète

L’aéropostale aura déjà élargi l’espace de Saint-Exupéry, en Afrique et Amérique du Sud. À partir de 1932, il se consacre au journalisme et aux raids aériens et entreprend de grands reportages au Viêt Nam, à Moscou, en Espagne en 1936, qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes. A partir de 1939, son engagement est profond, d’abord dans la reconnaissance aérienne, puis en 1940 lorsqu’il rejoint New York avec l’objectif de faire entrer les États-Unis dans la guerre et devient l’une des voix de la Résistance. Le petit prince, publié en 1943 à New York simultanément à sa traduction anglaise, finit de donner à son auteur et à son testament humaniste une dimension planétaire.

La brève, extraordinaire et surprenante existence de 44 ans durant laquelle il a traversé de quoi écrire dix romans représentatifs du XXe siècle est la matière de Bernard Chabbert, journaliste-pilote, dans St Ex, un prince dans sa citadelle (Paquet 2020, nouvelle édition 2021, illustré par les superbes compositions d’un peintre-pilote exceptionnel : Romain Hugault).

Bernard Chabbert est invité  le 9 septembre 2021 à la médiathèque André Malraux dans le cadre des Bibliothèques idéales de Strasbourg. (Réservation recommandée)