C’était en octobre dernier et cela se reproduira un jour : un club de lecture, qui reprenait vie, avec des masques certes mais derrière les masques une exaltante envie de se retrouver au milieu d’autres personnes pour sentir vibrer des cordes vocales et parler de livres lus récemment. Laurence, l’une des participantes du club de lecture de la Médiathèque Malraux, a pris des notes qu’elle partage aujourd’hui. La rencontre avec d’autres lecteurs passe cette fois par un écran mais l’envie de croiser les points de vue reste plus que jamais vivace : avez-vous lu, aimé ou pas l’un de ces titres ? vous font-ils penser à d’autres lectures ?
Justine se lance avec un grand classique
« Le nom de la rose » (Il nome della rosa) (1980) de Umberto Eco, prix Strega, prix Médicis étranger 1982, adapté au cinéma en 1986.
Justine a beaucoup aimé ce célèbre roman policier médiéval, qui nous plonge dans la vie quotidienne d’une abbaye bénédictine du XIVe siècle, émaillée d’une succession de crimes, en plein conflit entre Dominicains et Franciscains.
De père en fille avec Jocelyne
« Lire » (2018) de Bernard et Cécile Pivot : un agréable livre illustré écrit à 4 mains : le père, lecteur professionnel depuis l’âge de 23 ans (il lisait 10 h par pour à l’époque d’Apostrophe !) et la fille, lectrice pour le plaisir, confrontent leurs raisons et manières de lire, tout en faisant l’éloge des écrivains et de la lecture.
Cécile, journaliste, est auteure de 5 livres, dont « Comme d’habitude », lettre d’amour à son fils autiste, et « Battements de cœur » (2019), une histoire d’amour qui se termine mal.
Une auteure à suivre pour Arlette
« Mon cœur séditieux » de Arundhati Roy, 1056 pages, essai paru en France en 2020.
L’auteure, fille d’une mère chrétienne divorcée et d’un père hindou qu’elle n’a pas connu, est anglophone et de langue maternelle malayalam, et vit à Delhi.
Arlette avait déjà beaucoup apprécié ses 2 romans « Le Dieu des petits riens » (1997) et « Le ministère du bonheur suprême » (2017).
L’essai réunit une quarantaine de textes qui dénoncent la situation de l’Inde des années 90 à nos jours, sur le plan social, humain, politique et écologique. C’est un travail très documenté. L’auteure est une « conscience » nous déclare gravement Arlette.
(NDLR à noter cet autre essai disponible sur L@pplibooks : Que devons-nous aimer ? À la rencontre d’Edward Snowden : essais et conversations)
De la fraîcheur avec Gilbert
« Le palais des orties »(2020) de Marie Nimier. Gilbert a beaucoup aimé ce roman d’amour écologique, rafraîchissant et subtil.
Dans une ferme un couple cultive, transforme et vend les orties sous différentes préparations. Arrive pour les aider Frederica, une woofeuse pétillante qui va bouleverser leur vie.
Réussir à vivre avec Émilie
« Caresser le velours » (Tipping the Velvet ») (1998) de Sarah Waters, romancière britannique née en 1966.
C’est l’éducation sentimentale d’une jeune femme homosexuelle dans l’Angleterre de la fin du XIX e siècle. Le livre a inspiré une série à succès sur la BBC.
Emilie nous recommande également « Un paquebot dans les arbres » de Valentine Goby : l’histoire d’une famille dans les années 50, dévastée par la tuberculose qui entraînait rejet social et exclusion.
En images pour Anne-Pascale
« Les femmes du pavillon J », film marocain de 2019 de Mohamed Nadif.
Trois patientes dépressives hospitalisées dans un hôpital psychiatrique de Casablanca et leur infirmière nouent une solide amitié et font des virées nocturnes qui les ramènent petit à petit à la vie extérieure. Anne-Pascale a découvert ce beau film au festival du film arabe de Fameck-Val de Fensch en Moselle.
Des secrets dévoilés par Christiane
« Sous l’eau » de Deborah Levy, poétesse, écrivaine et dramaturge anglaise née en Afrique du Sud qui a reçu le prix Femina – Étranger 2020 avec un roman autobiographique : « Ce que je ne veux pas savoir ». En arrivant dans la maison qu’elle a loué pour les vacances dans les hauteurs de Nice une famille londonienne découvre un corps dans la piscine. En fait ce corps est bien vivant et appartient à une jeune anglaise qui se dit botaniste. Que veut-elle ? S’ensuit une situation tendue et des secrets qui reviennent à la surface.
Amitié salvatrice ? le choix de Mojtaba
« La solitude des nombres premiers » (« La solitudine dei numeri primi ») prix Strega 2008 de Paolo Giordano : premier roman écrit à 25 ans. On suit le parcours de deux adolescents malheureux, incapables de se libérer du poids du passé : scarifications, anorexie. Ils se lient d’une « amitié bancale et asymétrique, composée de longues absences et de grands silences ». Une œuvre poignante sur la solitude.
Dans la forêt avec Nicole
« Les grands cerfs », prix Décembre 2019, de Claudie Hunzinger. L’auteure vit dans les Vosges depuis 50 ans, dans une ferme près du col du Bonhomme, à la lisière de la forêt.
L’héroïne de son livre, Pamina, apprend à connaitre et à observer ces animaux magnifiques que l’on retrouvait déjà sur les murs de la grotte de Lascaux. Un photographe animalier lui apprend l’affût, qu’elle pratique avec émerveillement. Mais ce voisinage avec le cerf va disparaître car un massacre se fomente.
L’un des problèmes soulevés par ce livre est que l’ONF estime que les cerfs empêchent la forêt de se régénérer : il y a une politique du résultat pour produire toujours plus de bois : rentabilité est le maître-mot. Or, le cerf mange les pousses d’épicéas, de chênes ou autre arbre des réimplantations intensives, et réduit les profits donc l’ONF fait augmenter le quota d’animaux à tuer.
Un roman qui mérite d’être lu pour Laurence
« Histoire du fils », prix Renaudot 2020, 13ème roman de Marie-Hélène Lafon.
Je n’avais encore rien lu de cette auteure, c’est un livre dont le style m’a déroutée au départ, et que j’ai failli abandonner. Il y a comme une économie de mot, ou plus exactement « le mot juste à la juste place ».
C’est une succession de 12 tableaux, douze dates, qui dresse le portrait de 3 générations. L’histoire commence en 1908 par un terrible accident et se poursuit jusqu’à nos jours, mêlant drame familial, non-dit. C’est très émouvant, et finalement, terriblement bien écrit, j’ai bien fait de persévérer car c’est un livre dont on se souvient.
Et vous, de quelle lecture vous souvenez-vous ? Nous sommes impatients de lire vos commentaires !
22 décembre 2020 à 10h52
Comme j’envie cette lectrice d’avoir eu le bonheur de découvrir Le nom de la rose, souvenir, pour moi, d’une lecture littéralement exaltante s’il en est!