Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est bien illustré par la littérature : romans d’apprentissage et autres œuvres de fiction, souvenirs et récits écrits dans le feu de l’action ou des années plus tard, avec la distance qu’apporte le regard en arrière… Au jeu proposé dans ce récent article, avez-vous retrouvé les 7 écrivains auteurs des ces 7 citations ?

1 « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. »
2 « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »
3 « Si j’avais écrit sur moi-même à vingt ans, le résultat aurait été un texte aussi agressif que combatif. »
4 « La solitude effraie une âme de vingt ans. »
5 « Pour retrouver ma jeunesse, je ferais n’importe quoi au monde, sauf prendre de l’exercice, me lever tôt ou mener une vie respectable. »
6 « Vingt ans. Cet âge décourageant où l’on croit encore que tout est possible. »
7 « Devenir adulte, c’est oser se retourner et, enfin, faire face aux loups. »

Assez patienté ! voici les réponses :

 

1 « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. »

Extrait du poème Roman d’Arthur Rimbaud bien sûr, lequel raconte l’histoire universelle d’aventures amoureuses d’adolescent encore bien naïf.

2 « J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme: l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée parmi les grandes personnes. » Ce sont les mots de Paul Nizan (1905-1940) extraits de Aden Arabie, son récit du voyage à Aden au Yémen à l’âge de 20 ans, pour fuir l’ennui, le confort et le conformisme et qui se mue en révolte contre le devoir, la patrie et l’asservissement des hommes.

3 « Si j’avais écrit sur moi-même à vingt ans, le résultat aurait été un texte aussi agressif que combatif. »

Dans le recueil d’essais Le temps mord, Doris Lessing, prix Nobel de littérature 2007, aborde un grand nombre de sujets, de cultures, de périodes et de thèmes : les mystères du soufisme, la critique des grands classiques de la littérature, ou encore ses chats. L’extrait plus large : « La vision que l’on a de notre propre vie ne cesse d’évoluer avec l’âge. Si j’avais écrit sur moi-même à vingt ans, le résultat aurait été un texte aussi agressif que combatif. À trente ans, confiant et optimiste. À quarante, plein de remords et d’autojustification. À cinquante, en proie au doute et à la confusion. À partir de soixante, cependant, un aspect nouveau est apparu. On commence alors à regarder sa vie passée avec distance. Même si l’on peut à tout instant se glisser dans la peau de celle qu’on était à dix ou à vingt ans, on regarde cette enfant ou cette jeune femme comme quelqu’un d’autre, ou presque. L’élément personnel s’éloigne de vous. C’est qu’on a reçu ce don merveilleux de la vieillesse : le détachement, l’impersonnalité. »

4 « La solitude effraie une âme de vingt ans. »

Le Misanthrope, de Molière, un grand classique à relire ou revoir ?

5 « Pour retrouver ma jeunesse, je ferais n’importe quoi au monde, sauf prendre de l’exercice, me lever tôt ou mener une vie respectable. »

Tour à fait dans le style d’Oscar Wilde ! Extrait du «Portrait de Dorian Gray ». Devant son portrait, celui-ci a fait le vœu de ne pas vieillir et de laisser le tableau vieillir à sa place. La toile devient le miroir de son âme. Perverti par Lord Henry Wotton, Gray enchaîne les méfaits, conservant sa beauté, tandis que son portrait s’altère. Le texte initial restauré, tel qu’il était avant les censures successives notamment à propos des allusions homosexuelles.

6 « Vingt ans. Cet âge décourageant où l’on croit encore que tout est possible. »

« Vingt ans. Cet âge décourageant où l’on croit encore que tout est possible. Tant de probabilités et tant d’illusions. Tant de coups à prendre dans la figure aussi. » Extrait de Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part d’Anna Gavalda. Les personnages de ces douze nouvelles sont pleins d’espoirs futiles, ou de désespoir grave. Ils ne cherchent pas à changer le monde. Quoi qu’il leur arrive, ils n’ont rien à prouver. Ils ne sont pas héroïques. Simplement humains. On les croise tous les jours sans leur prêter attention, sans se rendre compte de la charge d’émotion qu’ils transportent et que révèle tout à coup la plume si juste d’Anna Gavalda. En pointant sur eux ce projecteur, elle éclaire par ricochet nos propres existences (4ème de couverture).

7 « Devenir adulte, c’est oser se retourner et, enfin, faire face aux loups. » 

Née au Sénégal, Fatou Diome arrive en France en 1994 et s’installe à Strasbourg. Après l’immense succès du Ventre de l’Atlantique (Anne Carrière, 2003), elle a publié plusieurs livres, cette citation étant extraite de Impossible de grandir (2013). À partir d’intenses réminiscences, elle nous raconte, tantôt avec révolte, tantôt avec douceur et humour, l’existence d’une enfant qui a grandi trop vite et peine à s’ajuster au monde des adultes. Mais grandir, n’est-ce pas apprivoiser ses vieux démons ?